THE ARTIST : chronique

11-10-2011 - 18:55 - Par

Un film muet et en noir et blanc en 2011 ? Par le réal’ d’OSS 117 ? Avec Brice de Nice ? Oui, mon bon monsieur. Et ce n’est pas parce qu’on n’a pas la parole qu’on n’a rien à dire.

George Valentin a une jolie moustache, la classe de Rudolph Valentino et, en cette année 1927, il est la plus grande star hollywoodienne du cinéma muet. Il croise alors la route de Peppy Miller, qui rêve de rejoindre le firmament. Bientôt, une révolution s’annonce : le parlant. Peppy en profite. George décline. On pourrait louer plus que tout l’audace de Michel Hazanavicius, qui réalise ici un objet filmique anachronique, muet, en noir et blanc et en 1:33. À l’heure de la 3D et de la motion capture. Mais ce serait enfermer THE ARTIST dans une case réductrice : son concept. Certes, avec son quatrième film, Hazanavicius réalise un véritable tour de force en ressuscitant une ère révolue, sans ironie mais avec un souci du détail et un appétit référentiel délicieux. Un exploit d’autant plus remarquable que le cinéaste s’est affirmé depuis le cultissime LA CLASSE AMÉRICAINE, puis avec la saga OSS 117, comme le meilleur dialoguiste du cinéma français. En se privant ainsi de son talent le plus évident – mais en réaffirmant la joliesse de son univers visuel, qui faisait le sel d’OSS –, Hazanavicius ne perd pas pour autant la parole. Au contraire, il la transcende. Car, au-delà de son parti-pris, THE ARTIST prouve que le cinéma reste un art visuel et, ce faisant, redonne son lustre au pur récit. Là où le concept aurait pu n’être que frime, il devient l’abandon de tout artifice. Tout comme Nicolas Winding Refn et son taiseux DRIVE, autre temps fort du mois, Hazanavicius fait du silence et de l’image les cœurs névralgiques de son histoire d’amour, de grandeur et décadence, et de rédemption. Et c’est avec nostalgie et un véritable enchantement que l’on redécouvre le plaisir simple, mais profondément magique, de REGARDER un film afin d’en suivre l’histoire. Nous voilà donc transportés durant notre enfance, où nos visionnages de Chaplin balisaient nos débuts de cinéphiles. C’est là, dans ce pur plaisir de cinéma, porté par de brillants Jean Dujardin et Bérénice Bejo, que THE ARTIST devient une œuvre immense dans tout ce qu’elle a de tragique, comique, opératique, pétillante, grave et universelle. Dire qu’il est indispensable de vivre cette expérience sur grand écran, en vibrant à l’unisson d’une salle pleine, n’en dit encore pas assez sur tout le bien que procure THE ARTIST.

De Michel Hazanavicius. Avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo, James Cromwell, John Goodman. Sortie le 12 octobre

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