Avec ce prequel du film culte de John Carpenter sorti en 1982, Matthijs van Heijningen Jr prouve que l’inutilité n’empêche pas l’efficacité.
Lorsqu’Universal a annoncé la production d’un nouveau THE THING qui servirait de prequel à celui de John Carpenter, les cinéphiles ont hurlé au sacrilège. Légitimement. Mais à la différence des remakes de MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE ou de FREDDY LES GRIFFES DE LA NUIT – pour ne citer qu’eux –, THE THING version 2011 ne souillera pas leur jeunesse. Certes, on ne la fera pas à l’envers, ce nouveau THE THING ne concurrence pas leur œuvre chérie et n’innove en rien. Le contraire nous aurait surpris. Mais le film de Matthijs van Heijningen Jr nous étonne également par son efficacité et sa capacité à observer son illustre aîné avec déférence, autant que par un amusement référentiel plutôt appréciable. Le souci premier de ce THE THING se posait dans sa nature même de prequel. On l’a souvent répété avec la prélogie STAR WARS : comment se passionner pour un film dont on sait exactement où il va nous mener, si le réalisateur n’y apporte pas un regard personnel ? Le scénariste Eric Heisserer (DESTINATION FINALE 5 et… le remake de FREDDY) et Van Heijningen trouvent la parade en faisant basculer le propos de THE THING vers une véritable lutte des sexes. Finis les héros barbus à la Kurt Russell. Ici, le personnage central est une jeune paléontologue, Kate Lloyd, engagée par des scientifiques norvégiens pour examiner ce qu’ils pensent être un vaisseau extraterrestre et son occupant, enfouis dans la glace antarctique. Cela n’a l’air de rien, mais grâce à la performance sans faille de Mary Elizabeth Winstead (SCOTT PILGRIM), cette Kate Lloyd-là, sans avoir la stature d’une Helen Ripley, offre à THE THING un sous-texte qui confère une vraie personnalité à cette petite série B. Entourée d’une quinzaine d’hommes, Lloyd s’avère être la seule affublée d’intelligence, de raison, de bon sens, et doit se battre contre tous ces mectons incrédules pour survivre. C’est dans cette métaphore à peine cachée du féminisme que THE THING prend toute sa saveur. On n’en apprécie que mieux le divertissement, assuré par une ambiance soignée, des effets spéciaux réussis, et des scènes cradingues du meilleur effet. Alors oui, les fans hardcore de Carpenter trouveront peut-être cela vain. Mais rappelons qu’avant eux, les admirateurs de Christian Nyby et Howard Hawks, réalisateurs de LA CHOSE D’UN AUTRE MONDE (1951), se trouvaient exactement dans la même situation…
DeMatthijs van Heijningen Jr. Avec Mary Elizabeth Winstead, Joel Edgerton. Sortie le 12 octobre
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