POLISSE : chronique

19-10-2011 - 12:26 - Par

Une plongée (sur)réaliste et déchirante au cœur de la brigade de protection des mineurs.

Joey Starr serait-il l’un des meilleurs acteurs français ? C’est une question à se poser car, après son apparition remarquée dans LE BAL DES ACTRICES, il revient devant la caméra de Maïwenn pour livrer une performance purement époustouflante. Pétri de douleur, flirtant avec une violence explosive, le NTM campe Fred, flic de la brigade de protection des mineurs, et nous balade au fil des maux que génèrent les missions laborieuses, déprimantes, de ces policiers confrontés aux crimes les plus cruels : ceux infligés aux enfants. C’est toute la vocation du film. Via le regard extérieur d’une jeune photoreporter officiant pour le gouvernement, on suit une poignée de personnages blessés chacun à leur façon. Et si Joey Starr est probablement le mieux servi par son rôle d’enragé (et par une scène monstrueuse qui vous poursuit longtemps après la fin du film), Maïwenn filme tous ses « héros » avec une empathie bouleversante. Dans leur quotidien professionnel, où ils sont conquérants, entêtés, justiciers. Mais aussi dans leur intimité, où ils se révèlent blessés, frustrés, traumatisés, souvent inaptes à maintenir leur vie de famille à flot. Toute la tension de POLISSE résidant bien sûr dans la séparation fragile, mais nécessaire, entre la vie avec un brassard et la vie sans… Mais ici, malgré la bienveillance, pas de complaisance : la réalisatrice – dont on loue tout particulièrement la direction d’acteurs d’une justesse inouïe – peut durcir le regard qu’elle porte sur le système ou sur la bêtise adolescente. Toujours dans un seul but : statuer que l’innocence est sacrée. L’âpreté de sa mise en scène, les dialogues crus et les affaires glauques lui confèrent un grand réalisme, mais tout n’est pas qu’affliction dans POLISSE. Si l’histoire d’amour (fil rouge du film) plombe paradoxalement le récit, la gouaille et les vannes de Marina Foïs, Karin Viard ou Jérémie Elkaïm sont autant de respirations salvatrices et, comme ceux qui vivent dans ce quotidien merdique, on rigole aux blagues de mauvais goût car quoi faire, parfois, devant ce tas de misère humaine ? Alors on se marre, comme des cons, sans oublier de se révolter. Parfois des films concentrent quelques vérités sur l’humanité.

De Maïwenn. Avec Joey Starr, Marina Foïs, Karin Viard. Sortie le 19 octobre

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