50/50 : chronique

16-11-2011 - 12:00 - Par

Une comédie sur le cancer qui prend l’humour au sérieux ? Au-delà du concept, le film est magnifique.

Rire aux larmes, ce n’est pas que pleurer de rire. 50/50 oscille subtilement entre comédie dramatique et tragicomédie, fort d’un ton d’une justesse inouïe. Vous chouinez dans un Kleenex, puis vous vous marrez comme une baleine. En un quart de seconde. L’histoire est triste, mais elle est d’une banalité affligeante : Adam (Joseph Gordon-Levitt), vieux d’à peine un quart de siècle, apprend qu’il a une tumeur maligne dans le dos. Ses chances de rémission ? 50%. Il ne faut pas avoir fait math sup pour déduire quels sont ses risques d’y passer… De là, Adam a le choix entre le verre à moitié vide ou le verre à moitié plein. Son pote Kyle (Seth Rogen) est du genre à voir le bon côté des choses. Être malade ? Une aubaine pour la drague et fumer de l’herbe sur ordonnance. Mais derrière son optimisme, il est dur pour lui d’être impuissant. Le scénario signé Will Reiser est autobiographique. On s’en fout ? Non. Car il n’est pas posthume. Pour le chantage affectif et le terrorisme émotionnel, il faudra repasser. Comment Adam va-t-il s’en tirer ? Il est là, le cœur du sujet. 50/50 dresse avec pertinence un constat tout bête : la rémission passe par la science, oui, la chance, certes, mais aussi par les réactions d’autrui. Celles qui vous plombent le moral ou vous le remontent, de manière irraisonnée. On suit donc Adam dans son processus de victimisation, dans le déni aussi, dans le combat contre la mort en ce qu’il peut avoir de plus agressif. Et il n’est pas nécessaire d’avoir été gravement malade ou qu’un proche ait vécu une telle situation pour comprendre à quel point ce genre d’épreuve est propice à l’affliction bien sûr, mais aussi à l’égoïsme le plus total. Vaste sujet… que 50/50, son réalisateur et ses acteurs explorent avec une grande finesse, un souci du détail salvateur, si bien que le film ne se vautre jamais dans le pathos. Au contraire, les moments graves sont d’autant plus poignants qu’ils sont rares (quoiqu’on mette au défi quiconque de ne pas verser sa larme dans la dernière demi-heure). Ce qui prévaut, ce sont ces petites étincelles d’humour, les blagues bidons qui relativisent la situation, les effusions mélodramatiques d’une mère (incroyable Anjelica Huston), l’apparente insensibilité d’une petite amie (Bryce Dallas Howard) face à une situation qu’elle n’a pas cherchée, la maladresse et l’empathie mal placée d’une stagiaire psy (Anna Kendrick) envers un patient comme elle en verra tant. Le spectre de sentiments balayé est riche : malgré les blagues crasses, le comique de situation le plus absurde, le charme, il y a de grands moments de brutalité où la beauté de la vie se heurte à ce qu’elle a de pire. Protégé de la mièvrerie par une écriture vraie et sincère, des dialogues éclairés et les jeux divins de ses acteurs, 50/50 est d’une pureté rarissime.

De Jonathan Levine. Avec Joseph Gordon-Levitt, Seth Rogen, Anna Kendrick. Sortie le 16 novembre

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