CARNAGE : chronique

07-12-2011 - 11:46 - Par

Roman Polanski adapte la pièce de Yasmina Reza grâce à des comédiens prodigieux.

Kate Winslet, Jodie Foster, John C. Reilly, Christoph Waltz… Un casting qui ferait baver n’importe quel directeur d’acteurs. Les quatre forment deux couples s’expliquant après que le fils de l’un a frappé celui de l’autre avec un bâton, lui explosant deux dents et lui balafrant la moitié de la bouche (à moins que tout ne soit pas si grave). Les discussions entre adultes, ayant pour but de trouver un consensus pour les assurances, vont pourtant dégénérer en conflit idéologique autour de l’éducation et des responsabilités parentales. Il est naturel que CARNAGE, d’abord pièce de théâtre louée par la critique, soit profondément fondé sur le dialogue. Ainsi peut-on légitimement se demander si une adaptation cinématographique est de bon aloi, puisque Roman Polanski en extrait un huis clos, engoncé dans le salon, le seuil de l’appartement et la cuisine. Pour tirer le portrait à des personnages qui tournent en rond, campent sur leur position, tentent le compromis mais se poussent réciproquement dans leurs retranchements, le réalisateur n’avait pas vraiment le choix que celui de respecter les limites d’une scène fictionnelle. Il nous paraît simplement dommage que la mise en scène, basée sur des plans relativement sages, ne soit pas transcendée à l’intérieur de ce décor. CARNAGE n’a de réellement spectaculaire que l’interprétation : John C. Reilly en mari pleutre se muant progressivement en parfait connard ; Jodie Foster en femme pétrie de certitudes, les imposant jusqu’à en devenir hystérique ; Christoph Waltz en avocat fier de son propre nihilisme et Kate Winslet en mère concernée et bourrée d’angoisses… Chacun porte son personnage avec un aplomb inouï, et le jeu de massacre entre les quatre vire à la démonstration de talent. Une leçon, vraiment. Il faut dire qu’à la base, le texte, sensé, avisé voire philosophe, sonne vrai et laisse à réfléchir sur « l’épanouissement par la famille » ou « l’Homme, cette bête sociale ». Mais si le film est particulièrement réussi lorsque tous se cachent derrière la bienséance pour apaiser l’affaire, à deux ou trois reproches près, on pourra déplorer que la finesse du film s’étiole plus le règlement de comptes se muscle et se noie dans l’alcool – quoique l’ivresse convienne parfaitement à Mme Winslet, convenons-en.

De Roman Polanski. Avec Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz, John C. Reilly. Sortie le 7 décembre

 

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