Avec un budget de blockbuster et une histoire enfantine, Martin Scorsese livre un film grandement personnel. Et émeut.
C’est un orphelin nommé Hugo Cabret qui nous guide dans les méandres d’une gare du Paris d’entre-deux-guerres, où il tente de survivre et de réparer un automate que son père lui a laissé avant de mourir. Peut-être cet être inanimé pourra-t-il l’aider à se
sentir moins seul ? Il rencontre la fille adoptive d’un commerçant des lieux, qui porte autour du cou la clé du mécanisme cassé, et dans l’enceinte de cet imposant bâtiment, sur ses quais, entre le fleuriste et le café où règne une grande joie de vivre, s’engage alors une aventure incroyable, digne de Jules Verne et de Méliès. C’est de ça qu’il s’agit : rendre hommage à l’imagination des visionnaires qui ont bâti la narration moderne, remercier leur audace, honorer leurs travaux révolutionnaires. Et utiliser la fiction pour mieux rappeler leur importance historique. Sans une once d’hémoglobine, sans boxeur cassé par la vie, sans grand lyrisme catholique, Scorsese signe sa profession de foi. Il assoit ainsi son statut de réalisateur le plus cinéphile qu’Hollywood ait porté. Sa déclaration d’amour au cinéma est si naïve, si innocente et si sincère qu’on en est bouleversé. Sans jamais afficher une écrasante nostalgie, HUGO CABRET virevolte entre des personnages dignes de Chaplin (on pense à celui de Sacha Baron Cohen, notamment), des situations emblématiques du muet, des clins d’œil au vieux cinéma d’horreur, et de véritables références aux pionniers qu’étaient les frères Lumière.
On survole, grâce à une 3D élégante et une mise en scène aérienne des plus gracieuses, un Paris recréé « avec une vision très américaine » (de l’aveu même de Scorsese), pour un univers factice, mais totalement féérique – seul bémol, la musique originale, pesante, qui gâche un peu le voyage. C’est en allant plus avant dans la relation qui unit Hugo, jeune homme sans avenir, à Méliès, génie au douloureux passé, qu’on se rend à l’évidence : HUGO CABRET peut être aussi merveilleux qu’il est dickensien, et transcende son récit jeunesse pour se lover dans une poésie douloureuse. Il est pétri de solitude, épris d’une grande tristesse, mu par une seule énigme : à l’instar d’une machine qui ne contient jamais une pièce de trop, notre place dans le monde est-elle essentielle ? Cette question, terriblement existentielle, embue tout du long le regard magique du jeune et incroyable Asa Butterfield. Et le nôtre avec.
De Martin Scorsese. Avec Asa Butterfield, Chloe Moretz, Ben Kingsley. USA. 2h08. Sortie le 14 décembre
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