INTRUDERS : Chronique

08-01-2012 - 11:31 - Par

Le réalisateur de 28 SEMAINES PLUS TARD livre un film à l’imagerie forte mais à la storyline faiblarde.


D’un côté, l’Angleterre où une jeune fille se sent menacée par un homme, tapi dans son placard. Son père (Clive Owen), d’abord incrédule, doit bien se rendre à l’évidence : il y a quelqu’un dans la maison. De l’autre côté, l’Espagne, où un garçonnet est assailli la nuit par un monstre fantomatique. Sa mère (Pilar Lopez de Ayala), d’abord dubitative, doit bien se rendre à l’évidence : une créature veut tuer son fils. Vous aurez deviné par vous-mêmes que les deux histoires sont intimement liées. Comment ? D’une manière assez maline. C’est uniquement là qu’INTRUDERS fonctionne, dans ce petit rebondissement expliquant le pont entre les deux storylines parallèles. Même si on peut éventuellement le sentir venir à mi-histoire, Juan Carlos Fresnadillo a pris grand soin de le préserver. Malheureusement, à ne rien lier pendant plus d’une heure et demie, l’ibère cinéaste enchaîne sagement les scènes, quitte à se répéter, quitte à lasser et à progresser à trop petits pas vers ses rares séquences clés (dire que le film pourrait être un moyen métrage s’il n’était pas si complaisant est un pas qu’on franchirait bien). Quitte à digresser à grand renfort de personnages qui ne mènent à rien. Dans INTRUDERS, pas grand-chose ne nous lie à ces malheureuses victimes de terreur (exclusivement) nocturne, que les autres prennent perpétuellement pour des fous (la crédibilité scénaristique là-dedans ?) et souvent avons-nous une longueur d’avance sur la narration.

Symptomatique du film de fantômes à l’Espagnol, un genre devenu industriel quitte à parfois devenir feignant, INTRUDERS se satisfait d’un récit linéaire, de dialogues écrits à la masse, déclamés avec de gros sabots, et mâtiné de religion histoire d’insuffler un peu de ferveur terrifiante là-dedans et de placer le mot exorcisme quelque part. Ce qui ne prend plus, évidemment. Son réalisateur, perdu dans une histoire mal racontée, privilégie une forte imagerie d’horreur relativement soignée, assez glaçante, mêlant parfaitement le réalisme du crime et le pur surnaturel. Malheureusement, le graphisme (visuellement, INTRUDERS est extraordinaire), largement mis en avant comme si cela suffisait à faire un bon film, en devient quasiment gratuit. La vocation – étudier les peurs qui nourrissent l’enfance et analyser comment elles peuvent se transmettre entre générations – a de l’ambition, mais la mise en pratique est souvent absurde. Laissant un goût amer de « tout ça pour ça », INTRUDERS hésite, tout du long, entre rationnel et fantastique. Le gloubiboulga d’ambiances, faussement mystérieux, peut alors devenir assez indigeste.

De Juan Carlos Fresnadillo. Avec Clive Owen, Carice van Houten, Pilar Lopez de Ayala. Espagne/Grande-Bretagne. 1h47. Sortie le 11 février

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