J. EDGAR : chronique

11-01-2012 - 11:43 - Par

Clint Eastwood s’intéresse au destin de J.Edgar Hoover, le mythique patron du FBI, et signe un biopic atypique, émouvant et réussi.

A l’instar de Woody Allen, Clint Eastwood fait partie de ces rares cinéastes à sortir un film par an. Ou presque. Si une majorité de spectateurs apprécie une telle régularité métronomique, quelques-uns reprochent, en revanche, au réalisateur (depuis INVICTUS et AU-DELÀ) de verser dans un académisme certain. De se reposer sur ses acquis, sur ses collègues (Joel Cox et Gary Roach au montage ; Tom Stern à la photo ; James J. Murakami au production design) et, finalement, sur ses lauriers. Bref, de céder à l’appel du systématisme… Avec J.EDGAR, le dernier long-métrage du maître, le débat risque de se prolonger un long moment encore. Aux États-Unis, le biopic de J.Edgar Hoover – le célèbre patron du FBI, resté à la tête de ladite agence de 1924 à 1972 – a ainsi reçu une sérieuse volée de bois vert. Dans le collimateur de la critique américaine ? Le manque d’ampleur du propos, la trop grande impartialité de Clint derrière la caméra et, dans une moindre mesure, la résurgence de tics cinématographiques. Un triple constat avec lequel il est difficile d’être d’accord… En choisissant d’éreinter la chronologie des faits, d’effectuer de multiples bonds mémoriels et de s’intéresser aux aspirations et turpitudes de J.Edgar (Leonardo DiCaprio), Eastwood donne chair à son héros. Et du corps à son film. Parce qu’il préfère ensuite cultiver une juste ambiguïté quant à la supposée relation amoureuse de Hoover avec son adjoint, Clyde Tolson (Armie Hammer), Clint privilégie la crédibilité. Et fait montre de subtilité (merci au scénariste de HARVEY MILK, Dustin Lance Black). Les prestations habitées de Leonardo DiCaprio et Armie Hammer (carton rouge quand il est maquillé en vieil homme) y sont pour beaucoup. Enfin, via l’emploi de tons monochromes et l’utilisation de notes de piano lancinantes, le cinéaste reste fidèle à ce qui fait aujourd’hui sa patte et reprend à son compte une citation de Coco Chanel : « La mode se démode, le style jamais. » Alors, est-ce notre sensibilité européenne qui s’exprime ici ? Ou notre relative méconnaissance de la vie de J.Edgar Hoover, figure historique incontournable… outre-Atlantique ? Qui sait… J.EDGAR se révèle en tout cas passionnant.

Note de la rédaction : 3,5 sur 5

De Clint Eastwood. Avec Leonardo DiCaprio, Armie Hammer, Naomi Watts. Sortie le 11 janvier

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