SÉCURITÉ RAPPROCHÉE : chronique

20-02-2012 - 13:12 - Par

Le Suédois Daniél Espinosa livre un film d’action sous haute tension. Particulièrement efficace.


De ses faits d’armes européens, le réalisateur suédois Daniél Espinosa (EASY MONEY) – qui étrenne ici sa carrière hollywoodienne – a gardé fort heureusement son énergie diablement communicative et son style très proche de celui de Tony Scott, filtres et montage cut de rigueur. Un style racé donc, simplement moins hystérique que son modèle, mais tout aussi massif. Il faut dire que l’histoire de SÉCURITÉ RAPPROCHÉE se prête bien à cette esthétique de l’urgence (et vice versa, d’ailleurs) : Matt Weston (Ryan Reynolds) est en poste dans un petit bureau de surveillance de la CIA, au Cap, en Afrique du Sud. Il s’emmerde, déconsidéré par sa hiérarchie, et attend sa mutation pour Paris, où il pourrait vivre avec sa petite amie. Un jour pourtant, un appel vient tout bouleverser : l’un des plus grands traîtres de l’Agence, Tobin Frost (Denzel Washington), vient de se rendre et il faut le garder sous surveillance, en attendant un probable retour au pays. Malheureusement, alors que l’interrogatoire est en cours, la planque est victime des assauts d’une poignée de terroristes armés jusqu’aux dents. Ses collègues dégommés, Matt prend Tobin sous le bras (façon de parler) pour essayer de le placer en sécurité. Mais puisque Tobin est un gros poisson, il a tendance à lui glisser entre les mains. Alors qui a vendu à l’ennemi l’emplacement de ce bureau secret ? Pourquoi l’un des plus gros agents doubles américains a-t-il décidé de collaborer ? Matt va-t-il enfin comprendre qu’il n’est qu’une pièce négligeable dans l’énorme machine gouvernementale ? Car derrière toute cette action, blindée de courses en caisses explosives, de fusillades millimétrées dans les townships et de dialogues à deux sens (gnark gnark, y a complot) – ingrédients qui font de SÉCURITÉ RAPPROCHÉE un long-métrage rigoureux mais relativement classique –, le versant le plus fascinant du film d’Espinosa est probablement le drame intime du larbin Matt Weston.

Après une année globalement assez pourrie (échecs successifs de GREEN LANTERN et ÉCHANGE STANDARD, agrémenté de son divorce d’avec Scarlett Johansson), Ryan Reynolds revient avec un personnage solidement écrit, qu’il porte les épaules écrasées par la tension, les yeux au bord des larmes, le visage crispé par la colère, la frustration et surtout la peur. Pendant près de deux heures, l’acteur – malaimé à tort – met une force et une densité qu’on ne lui reconnaît guère à camper un type bouffé par la désillusion, courant désespérément après son prisonnier, leurre d’une quête de justice, mais symbole du sens qu’il pourra donner à sa piètre existence. Face à lui, en guide existentiel, Denzel Washington cabotine moins qu’à l’accoutumée, le jeu probablement plus canalisé chez Espinosa que chez Tony Scott, son terrain d’amusement habituel. Un vrai beau duo d’acteurs pour un thriller des plus denses.

De Daniél Espinosa. Avec Ryan Reynolds, Denzel Washington, Vera Farmiga. USA. 1h56. Sortie le 22 février

Note : 4/5

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.