AU PAYS DU SANG ET DU MIEL : chronique

22-02-2012 - 12:37 - Par

Qui l’eût cru ? Avec son premier film, Angelina Jolie livre une romance contrariée en temps de guerre, humble et convaincante.

Bosnie, 1992 : Ajla, musulmane, et Danijel, Serbe, tombent amoureux dans un bar. Les lieux sont la cible d’un attentat. Le couple en réchappe, pour voir débuter une guerre civile sanglante, durant laquelle les Serbes mènent une épuration ethnique à l’encontre des Bosniaques musulmans. Ajla est déportée dans un camp de travail dirigé par Danijel, qui abhorre ce conflit idéologique, mais obéit aux ordres donnés par son général de père. Pour ses débuts de cinéaste, tout le monde accordera au moins à Angelina Jolie l’audace de ne pas choisir la facilité. Surtout que la superstar n’officie pas uniquement derrière la caméra, mais aussi au scénario et à la production. Totalement impliquée, Jolie aurait pu facilement sombrer dans la grandiloquence et, emportée par ses désirs artistiques dont elle doit prouver la légitimité plus qu’aucun(e) autre, manquer totalement de recul. Or, l’une des grandes qualités d’AU PAYS DU SANG ET DU MIEL, réside justement dans le regard de sa réalisatrice. Film d’une femme, sur les femmes et leur vie en temps de guerre, AU PAYS DU SANG ET DU MIEL a toutefois la bonne idée de ne pas exclure les hommes. Bien que souvent dépeints avec la dureté inhérente à leurs actes, ils ne sont pas pour autant réduits à de simples violeurs sanguinaires. En scrutant le conflit bosniaque par le prisme d’une romance contrariée à la « Roméo et Juliette », Jolie parvient ainsi à dérouler un propos humain, complexe et articulé avec soin, où jamais l’excès de moralisation n’entrave l’empathie et l’identification du spectateur. La néo-réalisatrice apporte même un regard peu courant sur la guerre, mélange de pudeur bienvenue et de dévoilement frontal, via quelques jolies idées de mise en scène. Servi par des acteurs dirigés avec tact, Zana Marjanovic (PREMIÈRES NEIGES) et Goran Kostic (TAKEN, LES FILS DE L’HOMME), AU PAYS DU SANG ET DU MIEL n’évite pas quelques écueils, comme une définition simpliste de certains personnages, des cartons didactiques en début et fin de film, ou comme certaines séquences trop outrancières – dont la conclusion. Mais l’humilité globale et la sincérité qui émanent du film suffisent à nous faire penser qu’Angelina Jolie, à l’instar de Ben Affleck, pourrait bien être meilleure cinéaste qu’actrice. Nous sommes désormais tout ouïe pour la suite.

De Angelina Jolie. Avec Zana Marjanovic, Goran Kostic. Sortie le 22 février

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