LA COLÈRE DES TITANS : chronique

28-03-2012 - 12:02 - Par

Après Louis Leterrier, c’est Jonathan Liebesman qui s’attaque aux Titans pour un deuxième volet légèrement plus convaincant. Notamment sur la 3D.

Il y a deux ans, LE CHOC DES TITANS de Louis Leterrier s’était fait étriller par la critique, notamment en raison d’une conversion 3D désastreuse. Mais pas que, puisque le film avait le désavantage de ne pas avoir le charme suranné de l’originel de 1981 et de ses effets spéciaux signés Ray Harryhausen. En dépit de défauts assez marqués – manque d’ampleur lors de la bataille contre le Kraken, production design discutable sur les Dieux, utilisation décevante de Liam Neeson et Ralph Fiennes –, LE CHOC s’avérait pourtant plutôt efficace dans son genre et ne méritait sans doute pas la volée de bois vert qu’il a connue. Nous étions donc tout prêt à redonner sa chance à cet univers mythologique, surtout que l’équipe assurait depuis des mois qu’elle avait écouté les critiques et avait tout fait pour corriger le tir avec LA COLÈRE DES TITANS.

Ce qui est vrai, en partie. Ne pas s’attendre pourtant à des changements majeurs. LA COLÈRE DES TITANS demeure un blockbuster agréable à regarder, sans temps mort, mais qui ne transcende jamais son statut. La narration, menée sur le mode du grand huit vidéo ludique, ne laisse pas grand place à la psychologie des personnages, et l’on aurait aimé que Jonathan Liebesman prenne le temps de rallonger son film – il ne dure que 90 minutes montre en main – pour exposer sa trame et développer davantage les relations entre personnages. Surtout que surgissent ici des petites choses passionnantes, comme la relation entre Hadès et Zeus, où Ralph Fiennes et Liam Neeson sont enfin utilisés à leur juste valeur. Le talent de Stephen Knight (LES PROMESSES DE L’OMBRE), script doctor de luxe, fait donc toutefois merveille puisque même survolés, ces enjeux dramatiques parviennent à attirer l’attention et à donner à LA COLÈRE DES TITANS un surplus d’émotion. On imagine tout ce que le film aurait gagné en profondeur si les coupes avaient été moins drastiques…

N’en demeure pas moins que même bancal et expéditif, LA COLÈRE DES TITANS fournit son lot de divertissement. Jonathan Liebesman sait assurément filmer des scènes d’action, et parvient à donner à cet opus mythologique un certain réalisme visuel et viscéral, plutôt inattendu dans ce genre. On appréciera notamment la brutalité de certaines bastons, ou qu’une créature comme le Minotaure ne soit pas fait de CGI, mais soit campé par un homme en costume et prothèses. Certaines scènes de bravoure (Persée contre une Chimère notamment) tirent même parti de la conversion en 3D qui, si elle est inégale, n’apparaît plus comme une grosse verrue au milieu du métrage. Dans ce chaos de poussière et de lave, émergent aussi quelques malicieux et bienvenus clins d’œil humoristiques, autant au film de 1981 qu’à celui de Leterrier. L’occasion pour Toby Kebbell de nous rappeler tout son talent, et pour Sam Worthington, plus à l’aise que dans LE CHOC, de ne pas nous refaire le couplet ostentatoire de l’acteur torturé. Si bien que LA COLÈRE y apparaît décomplexé, totalement conscient de ce qu’il est. Ne visant désormais plus les cimes, il s’affiche en opus expiatoire d’une franchise mal aimée. Qui est pourtant loin de démériter.

De Jonathan Liebesman. Avec Sam Worthington, Ralph Fiennes, Liam Neeson, Toby Kebbell. Sortie le 28 mars

Note de la rédaction : 3 sur 5

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