NOUVEAU DÉPART : chronique

18-04-2012 - 11:07 - Par

Pour son retour, Cameron Crowe peine à nous convaincre pleinement, bien qu’il aligne ici quelques splendides moments d’émotion.

John Cusack déclarant sa flamme à Ione Skye via une boombox dans UN MONDE POUR NOUS. Tom Cruise envoyant valdinguer son cynisme dans JERRY MAGUIRE. Billy Crudup se prenant pour un « dieu doré » dans PRESQUE CÉLÈBRE. Autant de scènes légendaires dues à Cameron Crowe. Un cinéaste qui idolâtre l’être humain, sa bravoure, ses fêlures, ses faiblesses. Sa force de caractère surtout. Depuis 1989, il l’a prouvé au gré d’une filmographie scrutant les turpitudes sentimentales de personnages lancés à toute berzingue dans une quête d’identité et de bonheur. Parfois avec maladresse, souvent avec un talent exaltant. Sept ans après l’échec artistique et commercial de RENCONTRES À ELIZABETHTOWN, pas étonnant donc que Crowe nous revienne le palpitant gonflé à bloc, bien décidé à renouer avec cet Homme qu’il aime tant, et à lui clamer « tu m’avais manqué, mec ». Ici, il nous raconte l’histoire vraie du journaliste Benjamin Mee (Matt Damon) qui, après le décès de sa femme, achète une nouvelle maison et le zoo qui va avec, pour élever ses deux enfants dans un environnement pacifique. Les enjeux sont clairs : tout ce beau monde apprendra ici à surmonter le deuil, ses peurs, recoller les morceaux d’une cellule familiale désagrégée, et au final, se (re)trouver. Malheureusement, cette trame s’avère bien trop transparente. Les scènes de NOUVEAU DÉPART se succèdent sans accroc et, surtout, sans la moindre surprise. Les personnages agissent, réagissent, se parlent, s’aiment, se déchirent, se réconcilient, se défient ou s’entraident comme on l’avait anticipé. Une lacune d’autant plus regrettable que Crowe sombre ici dans un sentimentalisme forcené et, heureux comme un gamin de retrouver la caméra, semble incapable de couper dans un métrage bien trop long (2h03). Pourtant, impossible de résumer NOUVEAU DÉPART à ses défauts. Car surgissent ici des dialogues fantastiques, des performances d’acteurs formidables, un des meilleurs scores de l’année signé Jónsi (du groupe Sigur Rós), de purs moments de grâce ou d’intensité dramatique. Les personnages de NOUVEAU DÉPART, aussi stéréotypés et prévisibles soient-ils, s’inscrivent parfaitement dans le prototype du héros à la Cameron Crowe et nous tirent des rires francs, ou des larmes sincères. Sans doute parce qu’ils nous ressemblent tant qu’il est, au final, impossible de les ignorer complètement.

De Cameron Crowe. Avec Matt Damon, Scarlett Johansson, Elle Fanning. États-Unis. 2h03. Sortie le 18 avril

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