21 JUMP STREET : chronique

05-06-2012 - 15:35 - Par

Les adaptations de séries télé au cinéma sont pour la plupart un désastre. 21 JUMP STREET rehausse nettement le niveau en jouant au cancre débile du fond de la classe.

De 21 JUMP STREET, nous avions reçu des échos très positifs venus d’outre-Atlantique. La méfiance était tout de même de mise, puisque les Américains ont tendance à encenser toujours un peu vite les productions de la bande de Judd Apatow (que le Pygmalion produise ou pas). Cette adaptation d’une série télé culte – mais ridicule avec le recul – ayant révélé Johnny Depp demeurait toutefois hautement attirante a priori, en raison de son duo principal, Jonah Hill et Channing Tatum – dont le potentiel comique avait été dévoilé trop furtivement dans LE DILEMME –, et de bandes-annonces savamment montées et imparablement drôles. Au final, 21 JUMP STREET dissipe autant les doutes qui nous restaient, qu’il renforce la part d’enthousiasme qui nous animait. Car le producteur/scénariste/acteur Jonah Hill semble avoir ici tout compris à ce que doit être une bonne comédie : beaucoup de très bons gags visuels, énormément de vannes salaces et/ou débiles, des personnages forts et bien croqués, un rythme ne lâchant quasiment jamais l’affaire, et une poignée de bons sentiments. Bref, tout ce qui a fait de ZOOLANDER ou FOUS D’IRENE les parangons du genre. Loin de nous l’idée d’élever 21 JUMP STREET au même niveau que les chefs d’œuvre de Ben Stiller et des Farrelly, mais la chose se révèle assez irrésistible. Jonah Hill et son coscénariste Michael Bacall réussissent l’exploit de pondre une histoire plutôt solide, en dépit de sa vacuité globale, et bâtissent un récit sûr de son mauvais goût, et surtout de ce qu’il a à dire. Hill, en bon élève issu de l’Académie Apatow, fait de 21 JUMP STREET une bromance en bonne et due forme où les deux héros principaux, Schmidt (Hill) et Jenko (Tatum), sont aussi similaires dans leur connerie que complémentaires dans leurs failles. Un duo terriblement attachant, digne des meilleurs bluettes adolescentes et buddy movie policiers, en raison du charisme d’un Hill enfin affranchi de toute tutelle, et du génie comique d’un Tatum sachant parfaitement jouer de son image de beau gosse musculeux au cerveau atrophié. Et si on rajoute à la chose des personnages secondaires jouant clairement les stéréotypes (à l’image d’un Ice Cube à tomber) conscients d’en être, 21 JUMP STREET affiche une pure galerie de clowns. Histoire de préserver le spectateur, on évitera de déflorer la kyrielle de moments potentiellement mythiques du film, d’autant que, pour une fois, les bandes-annonces ont évité d’user les meilleurs… Alors oui, 21 JUMP STREET s’avère un poil trop long, et oui, il use de clichés du genre par trop rabâchés, notamment vers la fin. Mais Hill et Bacall prenant un malin plaisir à pointer du doigt les dits défauts via des auto citations – et des références fantastiques à la série dont le film est une suite, pas un remake – pour une fois plus intelligentes et drôles qu’égotiques, impossible d’en tenir vraiment rigueur. On regrettera davantage que Phil Lord et Chris Miller, qui assurent ici un travail de mise en scène fonctionnel mais pas dénué d’idées, n’aient pas eu au final le budget suffisant pour soigner leurs scènes d’action. Car ce pan primordial, plutôt efficace au demeurant, manque parfois cruellement de punch dès lors qu’il nécessite effets spéciaux et pyrotechnie. Ce qui n’entache jamais le plaisir immédiat que suscite le film, dont on espère déjà qu’il connaîtra une suite (pour une fois). Et que l’on a déjà hâte de se repasser en boucle.

De Phil Lord et Chris Miller. Avec Jonah Hill, Channing Tatum, Ice Cube. 1h50. Etats-Unis. Sortie le 16 juin

Note de la rédaction : 3,5

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