360 : chronique

25-07-2012 - 09:48 - Par

Les gens se croisent, se séduisent, et les destins s’entremêlent dans la grande ronde de la vie. Trop de coïncidences tuent la coïncidence.

Qu’est-il arrivé à Fernando Meirelles ? Après le choc LA CITÉ DE DIEU et le très bon thriller THE CONSTANT GARDENER, le Brésilien échoue à confirmer les attentes que ces deux films avaient créées. Voilà quatre ans, avec un peu d’optimisme, BLINDNESS pouvait n’apparaître que comme un simple faux pas, et l’on espérait voir le cinéaste reprendre le taureau par les cornes avec 360. Mais non. Ce drame choral, énième adaptation de « La Ronde » d’Arthur Schnitzler – après des versions signées Max Ophüls, Roger Vadim ou Otto Schenk –, avait pourtant du chien sur le papier. Un casting composé de Jude Law, Anthony Hopkins, Rachel Weisz, Jamel Debbouze ou Ben Foster. Un scénario signé Peter Morgan (THE QUEEN). Et un sujet propice à une belle étude psychologique et sociologique, à savoir comment divers personnages voient leur existence changer alors qu’ils prennent une décision cruciale pour leur vie amoureuse. Si l’on ne blâmera pas les interprétations des comédiens, pour la plupart convaincants, 360 sombre dans le pur exercice narratif et formel. À ce titre, Meirelles s’en tire mieux que son auteur, et offre quelques belles idées de mise en scène. Rien qui ne puisse toutefois contrecarrer l’inertie d’un script plombé par une utilisation hautement mécanique et artificielle du deus ex machina qu’est la coïncidence. Claude Lelouch appréciera sans doute, lui qui fut le maître de l’exercice, mais 360, en reliant chacun des personnages à un autre, fait du monde un grand panier de hasards, dont il est impossible de croire à l’authenticité. Comme dans BABEL d’Alejandro González Iñárritu, les coïncidences qui mènent les héros de 360 à se croiser n’apparaissent au final que comme des facilités d’écriture, dont Morgan et Meirelles ne tirent pas grand-chose. Si ce n’est rien, tant le propos apparaît dénué de tout intérêt supérieur, en dépit de situations que Morgan se sent obligé de rendre à tout prix signifiantes, bardées de symboles et de pathos. Un père cherche à retrouver sa fille disparue ? Il pense être responsable de sa fugue et de sa mort ? Montrons-le s’inquiéter pour cette inconnue qu’il a rencontrée dans l’avion, pardi ! Autant de lourdeurs qui empêchent au récit de 360 de se dérouler avec grâce, comme son sujet aurait dû le lui imposer. Et qui, en dépit de son thème, confond trop souvent pudeur et chasteté.

De Fernando Meirelles. Avec Jude Law, Rachel Weisz, Anthony Hopkins. Royaume-Uni / Autriche / France / Brésil. 1h49. Sortie le 25 juillet

Note de la rédaction : 1,5/5

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