Les briscards sont de retour et ont les geeks dans le viseur. Le gros plaisir coupable de l’année, sans doute.
Cette critique sera publiée dans Cinemateaser Magazine n°17, en kiosques le 29 août
Plus qu’un film, EXPENDABLES était une réunion de combattants-stars venant d’horizons différents. Soit d’un cinéma vieux de trente ans, soit de l’action moderne, soit du ring. Une recette, sans aucun cynisme, qui faisait mouche et qui ressuscitait les films que les vieux ados que nous sommes ou les quadra n’ont que trop visionné grâce à leur lecteur VHS. Quelques années plus tard, Stallone (instigateur originel de la franchise) et ses producteurs veulent offrir à la cible visée un spectacle encore plus copieux. Pour ce faire, ils ont donc offert à Arnold Schwarzenegger et Bruce Willis des rôles plus importants, invité Chuck Norris et Jean-Claude Van Damme à la teuf et ont donc pris le parti de revendiquer le second degré gériatrique de leur actioner. Tout est décuplé ici : que ce soit la pyrotechnie (le prégénérique est un festin), la technicité des corps à corps, le rythme du récit (gros point noir du premier opus), les améliorations vont dans le sens d’une densification du scénario. Quoique « scénario » soit un bien grand mot et si EXPENDABLES 2 est un digne héritier des années 80, c’est bien par la banalité de son histoire qui, lorsqu’elle n’est pas menée de manière virile, tombe dans le sentimentalisme bêta des discussions visqueuses autour de l’amour, de la mort et du sens de la vie (pitié). Mais, loin de trompeter la pensée « vieux cons », le film trouve son salut dans un humour ultra référencé, presque cinéphilique pointu, uniquement lisible pour les initiés. Au milieu d’un comique parfois Grand-Guignol (si ce n’est carton rouge), émaillent le film quelques clins d’oeil absolument poilants à une culture cinématographique bourrine mais surtout, à la trace qu’elle a laissée sur toute une génération. Dans le genre, la première apparition de l’hégémonique Walker Texas Ranger est un mélange vraiment savoureux d’hommage et de métacinéma. Cependant, EXPENDABLES 2 a aussi les défauts d’un film très conscient de ce qu’il est : il se tourne perpétuellement en dérision, jusqu’à confondre histoire et concept, dialogues et vannes (« Yippee ki yay » ironise Schwarzie). On passe pourtant son temps à rire grassement et à jubiler devant l’ambition massive d’un longmétrage, pas finaud pour un sou, qu’on ne cesse d’acclamer. Les jeunes générations, qui n’ont pas connu le plaisir d’apprendre par coeur un mauvais film, nous en voudront sûrement…
De Simon West. Avec Sylvester Stallone, Jason Statham, Dolph Lundgren. États-Unis. 1h42. Sortie le 22 août
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