OLIVER SHERMAN : chronique

07-11-2012 - 09:39 - Par

Deux acteurs au sommet pour un face-à-face tendu. Une interprétation impressionnante.

À notre gauche, Donal Logue – excellent acteur vu dans les séries URGENCES, LIFE, TERRIERS – dans la peau d’un vétéran, Franklin, ayant reconstruit sa vie à la campagne et fondé une famille. À notre droite, Garret Dillahunt – prodigieux comédien vu dans les tv-shows JOHN FROM CINCINNATI, THE SARAH CONNOR CHRONICLES, RAISING HOPE – sous les oripeaux d’un vétéran, Sherman, encore habité par la guerre. Le premier a sauvé la peau du second au combat. Et quand Sherman débarque, sans prévenir, chez Franklin, sept ans après qu’ils se sont vus pour la dernière fois, leurs retrouvailles prennent l’air d’un douloureux flashback, où ils confrontent leur capacité à la guérison. Un débat idéologique tour à tour taiseux, compatissant ou colérique. Mais toujours inquiétant. Car il y a un vrai mystère autour des agissements de Sherman, de ses motivations qui l’ont poussé à retrouver son vieux coturne, de son économie de mot, de ses sourires forcés aux enfants de Franklin, de son alcoolisme patent et même de sa contrition. Il est comme un hobbo qui erre avec son sac, entre l’insécurité et la rancœur. Dans le rôle, Dillahunt fait preuve d’une subtilité qu’on lui a rarement exigée, et laisse planer d’autant plus le doute sur les facultés intellectuelles et les aptitudes morales de son personnage, dont le crâne, balafré, rappelle sans cesse le calvaire. Face à lui, Donal Logue met sa silhouette et son visage débonnaires au service d’un vétéran reconstruit, et qui face au fantôme des exactions commises, est obsédé par la protection de son foyer. Un affrontement qui soulève moult questions sur la capacité de l’Amérique à réintégrer ses soldats, sur la culpabilité des survivants ou encore, sur l’affliction de ceux qui parviennent à tourner la page vis-à-vis de ceux qui se sentent davantage militaires qu’hommes. Aucun didactisme dans cette réflexion… Elle est instaurée aux détours des rares dialogues, disséminés dans un récit étiré, nonchalant, où la violence est reléguée au hors-champ. D’ailleurs, l’époque à laquelle se déroule l’histoire n’est pas signifiée, ni même le lieu exact. Il n’y a que la mélancolie et la tristesse qui dominent et balaient l’Amérique rurale des anonymes.

De Ryan Redford. Avec Donal Logue, Garret Dillahunt, Molly Parker. Canada. 1h22. Sortie le 7 novembre

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