LE MONDE DE CHARLIE : Chronique

02-01-2013 - 11:26 - Par

Logan Lerman magistral dans cette comédie dramatique à fleur de peau.

Au lycée, on traite Charlie (Logan Lerman) comme un freak. Peut-être parce que, dépressif, il a passé quelques semaines en maison de repos. Ou bien parce qu’il est plus intelligent que tous. Ce sont deux Terminales qui vont l’aider à passer l’année. Sam (Emma Watson) et Patrick (Ezra Miller), demis frère et sœur, vivent bien mieux leur statut de paria que leur petit protégé. Ils le revendiquent. En lui offrant leur amitié, ils vont l’initier à la liberté la plus exaltante. Brûlot pro-misfits a priori, LE MONDE DE CHARLIE se pare de tous les tics du film indé un peu énervant : le groupe The Smiths – caution cool des mélomanes – est cité à toutes les sauces, écouter Bowie est un privilège (le film se déroule dans les années 80) et THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW est brandi en étendard de toutes les différences. La première vingtaine de minutes du MONDE DE CHARLIE se vit donc à rebrousse-poil. Mais ce n’était là qu’une épineuse carapace, se désagrégeant lentement pour dévoiler un film magique, aux émotions fortes et à l’humour désenchanté. En se lovant dans les turpitudes adolescentes, Stephen Chbosky – réalisateur mais aussi écrivain du roman dont le film est l’adaptation – livre l’un des plus beaux drames sur le malaise identitaire et sexuel qu’on ait vus depuis des années. Avec pour seul fil rouge la relation, d’une pureté bouleversante, qui unit nos trois petits héros : Patrick est gay et tiraillé entre les non-dits et une exubérance vindicative (Ezra Miller est captivant) ; l’autre, Sam, est une fille blessée multipliant les contradictions ; et enfin Charlie… Une certitude, Logan Lerman est un acteur sublime, dont la filmographie (LES TROIS MOUSQUETAIRES 3D, PERCY JACKSON…) n’avait pas encore laissé entrevoir l’immense talent. On aurait 15 ans, on serait amoureux. Dans la peau de cet adolescent taciturne, emprisonné par une sensibilité hors-norme, l’acteur de 20 ans offre une prestation intériorisée mais puissante, portée par une gestuelle contrite et un regard qui vous empoigne et ne vous lâche plus. Il dégage une triste poésie, derrière laquelle se cache un mystère insondable. Mais qui est Charlie, petit être effacé, aimé des siens, victime d’une existence morbide ? Le film y répond en douceur, dépeignant avec tact les blessures superficielles autant que les souffrances profondes de cet âge difficile. Et se débarrasse de toutes ses postures pour toucher le cœur des spectateurs.

De Stephen Chbosky. Avec Logan Lerman, Emma Watson, Ezra Miller. États-Unis. 1h40. Sortie le 2 janvier

 

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