CLOUD ATLAS : Chronique

13-03-2013 - 14:22 - Par

En adaptant le roman de David Mitchell, Tom Tykwer et les Wachowski livrent une œuvre dansant sur la frontière entre parfaite abstraction et grande aventure.

Du roman « Cartographie des nuages », Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer ont gardé les intrigues mais pas la structure palindromique. Parce qu’ils ont tous les trois une vraie intelligence du medium cinéma (ce n’est plus à prouver), ils ont composé un grand puzzle, sautant d’une époque à l’autre, d’un genre à l’autre, misant plus que jamais sur la confiance aveugle du public. Certains pourront être rebutés par la complexité narrative ou la création de nouveaux champs lexicaux, d’autres embrasseront cette sublime fresque où il est question, via six récits bien distincts, tantôt historiques, tantôt d’anticipation, de tracer le lien ténu qui unit l’humanité. Rien que ça ? Oui, CLOUD ATLAS a l’ambition d’être une fable ultime et universelle. C’est un film qui traite de l’acquis, de l’évolution d’un bagage génétique, du destin, du karma et d’un grand recommencement. À l’écran, chaque acteur incarne de multiples personnages, dans des contextes divers : la période esclavagiste, les années 30, les années 70, le début du XXIe siècle, le futur, la société primitive d’une ère encore plus lointaine… L’objectif ? Décortiquer l’impact d’un acte passé sur l’avenir d’une âme. Et de galvaniser le libre arbitre. En cela, on sait pourquoi CLOUD ATLAS a été si long à produire, au-delà de la difficulté pragmatique de bâtir un tel film-somme : il fallait trois réalisateurs bien dans leurs pompes, droits dans leur tête pour raconter l’histoire de la vie. Et nul doute qu’au final, il est l’acte revendicateur de Lana Wachowski, aidée par deux complices partisans de la liberté sans compromission. Leur long-métrage prône toutes les différences. Rageur, il est comme un pamphlet criant au droit à l’égalité pour tous devant le soi-disant ordre naturel des choses. Et s’il est marqué du sceau des Wachowski par son esprit iconoclaste, il l’est tout autant par son élan romantique. Une qualité qui a toujours émaillé leurs œuvres mais aussi celles de leur collègue allemand, à l’origine des fables bouleversantes HEAVEN et THE PRINCESS AND THE WARRIOR. CLOUD ATLAS est l’un des plus grands longs-métrages sur l’amour comme guérison du monde. Il joue ainsi sur une corde sensible, qui peut provoquer le rejet. Certes, si l’on s’arrêtait à ses maquillages outranciers, on pourrait le qualifier de pudding niaiseux et de croûte visuelle. Mais la laideur d’un certain mauvais goût, ça se discute. Il faut bien du courage pour se mettre à nu, tout livrer, affirmer son indécrottable optimisme, faire des choix esthétiques radicaux et tenter par un cri du cœur de rallier le spectateur à sa cause. En voyant CLOUD ATLAS, œuvre atypique et profonde, on se dit que le cinéma peut avoir une portée très puissante.

De Lana Wachowski, Andy Wachowski et Tom Tykwer. Avec Tom Hanks, Halle Berry, Ben Whishaw. États-Unis / Allemagne. 2h45. Sortie le 13 mars.

 

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