DEAD MAN DOWN : chronique

03-04-2013 - 10:00 - Par

Pour son premier film made in USA, Niels Arden Oplev confirme une aisance certaine à naviguer en eaux troubles.

Un narcotrafiquant new-yorkais menacé de mort se voit sauvé par Victor (Colin Farrell), son plus fidèle homme de main. Aussi professionnel que taciturne, Victor fait la connaissance de l’animal blessé qu’est Béatrice (Noomi Rapace), sa voisine. Défigurée dans un accident de voiture, cette jeune Française peine à reprendre pied. Une attirance naît. Mais Victor et Béatrice ne sont pas forcément ce qu’ils prétendent l’un pour l’autre. S’en suit un engrenage machiavélique ayant pour principal moteur la vengeance… et peut-être des sentiments. Le succès international du premier MILLENIUM a révélé au grand public l’actrice Noomi Rapace et a offert au cinéaste danois Niels Arden Oplev son ticket d’entrée à Hollywood. L’occasion était trop belle pour que le tandem ne remette pas le couvert dans ce polar crépusculaire situé dans le Lower East Side… avec ce risque, bien réel, que l’industrie hollywoodienne formate le nouveau venu en « yes man » docile et impersonnel. Sitôt passée la fusillade inaugurale, Oplev surprend agréablement : ce néo-noir est fort du regard d’Européen de son metteur en scène. DEAD MAN DOWN prend le temps de s’attarder sur une (relative) étude des caractères de Béatrice et Victor, par leurs gestes du quotidien, leurs silences, leurs maux. Oplev laisse une bonne marge de manœuvre pour donner une consistance à ces accidentés de la vie, aveuglés par leur obsession vengeresse. Si Colin Farrell opte pour l’économie discrète, Noomi Rapace diffuse en contrepoint une rage triste. Oplev démontre à quel point il est le seul aujourd’hui à emmener la Suédoise vers des performances aussi passionnées. À travers la séduisante alchimie opérant entre les deux acteurs, DEAD MAN DOWN garde très souvent la tête hors de l’eau. En effet, c’est par cette longue hésitation entre le thriller et le drame qu’Oplev limite in fine la casse des incohérences majeures rongeant un canevas particulièrement mal ficelé. Hélas, il ne peut pas lutter face au dernier quart d’heure pétaradant, d’un ridicule achevé digne de COMMANDO. Tout le talent du réalisateur réside dans ce recours au mélange des genres pour que DEAD MAN DOWN demeure accrocheur suffisamment longtemps, en dépit de sévères handicaps. Par ses aptitudes manifestes à poser la juste ambiance, Oplev mérite de tomber prochainement sur un scénario bien plus intelligent.

De Niels Arden Oplev. Avec Colin Farrell, Noomi Rapace, Terrence Howard. États-Unis. 1h57. Sortie le 3 avril

 

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