De l’influence de Stanley Kubrick sur Chris Nolan

08-04-2013 - 08:27 - Par

Le père d’INCEPTION parle du créateur d’ORANGE MÉCANIQUE et de la possible influence de son 2001 sur son prochain INTERSTELLAR.

Sur son site, le magazine Entertainment Weekly interroge diverses personnalités du cinéma et de la télé sur Stanley Kubrick. On peut donc y lire des propos de Bryan Fuller, Edgar Wright ou Chris Nolan. Et c’est à ce dernier que l’on va s’intéresser aujourd’hui, dans la mesure où il prépare actuellement INTERSTELLAR, grosse production SF que certains imaginent déjà en 2001 des temps modernes. Nolan, lui, tempère immédiatement les ardeurs des fans. Porte-t-il un nouveau regard sur 2001 en raison de la préparation d’INTERSTELLAR ? : « Je pense que dès que l’on parle de SF au cinéma, il y a quelques pierres angulaires. METROPOLIS. BLADE RUNNER. 2001, répond-il à EW. Et dès que l’on pense à un film quittant notre planète, 2001 est inévitable. Mais il n’y a qu’un seul 2001. Donc, il vaut mieux ne pas tenter de trop s’en approcher. » Une prudence de Nolan qui lui permettra sans doute d’argument contre tous ceux qui diront dans deux ans qu’il a essayé, avec INTERSTELLAR, de « faire son 2001 » (expression consacrée).

Cela dit, Nolan ne cache pas son admiration pour Kubrick et pour 2001. Un film dont l’influence est patente sur INCEPTION, notamment dans la scène de combat en apesanteur dans les couloirs de l’hôtel, dont le décor tournant sur son axe était inspiré par celui utilisé par Kubrick sur 2001. « J’ai vu 2001 lors de sa ressortie en Angleterre après le succès de STAR WARS. Il y avait un appétit pour la SF [à l’époque]. Mon père a emmené mon frère et moi à Leicester Square, car c’est là qu’on trouve les plus gros cinémas à Londres. Je me souviens très clairement de cette expérience, d’avoir été transporté vers un nouveau monde. J’étais un énorme fan de STAR WARS à l’époque. Mais 2001 a été une manière totalement différente de vivre la SF. J’avais sept ans donc je ne pouvais pas prétendre comprendre le film. Je ne peux toujours pas le faire, d’ailleurs. Mais à cet âge, cette compréhension m’importait peu. Je sentais juste que j’avais vécu une expérience extraordinaire. (…) C’était du pur cinéma. » Des propos qui rappellent ceux de Andy et Lana Wachowski qui eux aussi, avaient vécu une expérience similaire étant enfants…

Mais la partie la plus intéressante des propos de Nolan concerne son humilité à l’égard de Kubrick : « J’aime le calme [du cinéma de Kubrick]. Il y a chez lui une confiance dans la puissance de l’image qui, lorsque je regarde mon propre travail, ne peut que m’embarrasser, et ce en termes du nombre de plans, d’effets sonores et de toutes sortes de choses qu’aujourd’hui nous balançons aux yeux du public afin de l’impressionner. Chez Kubrick, il y a au contraire une grande confiance dans l’image juste, celle qui expliquera tout au public. Il y a aussi une certaine lenteur du montage, rien de frénétique. C’est très simple. (…) Si vous regardez le montage de 2001, ce saut dans le temps [via une transition effectuée entre l’os lancé par le singe et le vaisseau spatial, ndlr) nécessite une confiance énorme. Est-ce que j’aimerais faire quelque chose comme ça ? Oui. Mais je ne pense pas avoir suffisamment confiance en moi. Et c’est pour cela qu’il n’y a qu’un Stanley Kubrick. Je crois vraiment qu’il est inimitable. En revanche, il peut nous inspirer à avoir davantage confiance. » Des propos particulièrement intéressants car s’il y a une chose qui dans le cinéma de Nolan peut être critiqué, c’est justement son certain manque de calme : il suffit de voir à quel point il use de manière ostentatoire de la musique dans ses films (elle est continue dans INCEPTION). On se dit donc que son cinéma gagnerait ainsi encore à gagner en confiance pour atteindre ce calme, et à s’inspirer de ce qu’il aime le plus chez Kubrick. INTERSTELLAR apparaît forcément comme le film idéal pour cela. Mais promis, on ne dira pas qu’il tente de « faire son 2001 ».

Source : EW via Nolan Fans

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.