IRON MAN 3 : chronique

22-04-2013 - 12:02 - Par

En posant son regard davantage sur Tony Stark que sur Iron Man, Shane Black offre au héros Marvel un écrin allant du meilleur au pire.

Après le très efficace IRON MAN, succès aussi inattendu qu’emballant, la néo-franchise Marvel avait sérieusement trébuché avec IRON MAN 2, où Tony Stark semblait sacrifié sur les ambitions du toutéliage menant à AVENGERS. Ce dernier enfin sorti avec le succès que l’on connaît, IRON MAN 3 pouvait (et devait) être l’occasion de relancer le cœur du héros et lui offrir de nouveau un opus solo digne de sa stature, de la richesse de son univers et de la grandeur de son interprète Robert Downey Jr. À bien des égards, Shane Black, superstar de l’actioner ayant révolutionné le genre avec un ton sarcastique via ses scripts de L’ARME FATALE ou LE DERNIER SAMARITAIN, apparaissait comme le sauveur idéal. IRON MAN 3 prouve cependant que le talent ne suffit pas toujours. Pourtant, Shane Black opte pour un contre-pied intéressant : se foutant royalement d’Iron Man et se focalisant entièrement sur Tony Stark – ses peurs, ses émois romantiques, son passé – il s’aligne en un sens sur le DARK KNIGHT RISES de Chris Nolan qui lui aussi, préférait soulever le masque de Batman pour regarder Bruce Wayne dans les yeux. Ici, l’armure d’Iron Man n’a guère d’importance : elle n’est qu’une coquille vide jetable. Ce parti-pris offre à IRON MAN 3 ses meilleurs moments : on pense à ce segment assez prodigieux de subtilité, d’élan romanesque, d’humour et d’émotion où Stark, coupé du monde et affaibli, fait équipe avec un pré-adolescent questionnant autant ses choix que le cœur même de sa psyché. Là, Black convoque toute l’acidité de sa plume et une discrétion de mise en scène permettant au récit et aux personnages d’exister pleinement. De même, lorsqu’il balaie définitivement l’idée de réaliser un comic book movie pour offrir à IRON MAN 3 des atours de buddy cop policier digne de L’ARME FATALE, il relance non seulement la franchise en lui offrant une véritable personnalité – aussi saugrenue soit-elle – mais creuse aussi avec malice la relation unissant Stark à James Rhodes. Malheureusement, ces quelques bons moments se retrouvent noyés dans un scénario bancal abusant de punchlines, certaines très drôles, d’autres tirant le film vers une certaine inconséquence dramatique. Certes, d’aucuns pourront y voir la volonté de Black de pirater la franchise. Mais la façon dont il maltraite le Mandarin dans des élans gênants de bouffonnerie ou dont il désamorce certaines scènes tragiques par une vanne inappropriée apparaît davantage comme un manque d’équilibre de son écriture – restée bloquée sur des facilités 80’s difficilement acceptables aujourd’hui – voire comme un net désaccord d’intentions avec les studios Marvel. Le cul entre deux chaises, IRON MAN 3 passe ainsi de purs moments de grâce à des tunnels de mauvais goût pour se conclure par une demi heure de bravoure manquant cruellement de chair et d’enjeux. IRON MAN 3 semble ainsi plus que jamais souligner les limites de la formule Marvel qui, désormais acteur majeur d’Hollywood, apparaît pieds et poings liés à des ambitions commerciales démesurées ne servant pas nécessairement ses héros et leur identité intrinsèque. Reste le divertissement, indéniable, bien qu’inégal. Cela suffit-il ? La réponse, comme souvent, réside dans la question.

De Shane Black. Avec Robert Downey Jr, Gwyneth Paltrow, Don Cheadle, Guy Pearce, Ben Kingsley. États-Unis. Sortie le 24 avril

 

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