Un fait réel reconstitué en fiction par le formidable réalisateur islandais Baltasar Kormákur.
Si Baltasar Kormákur séduit tant les Américains (pour qui il a réalisé CONTREBANDE, 2 GUNS et bientôt EVEREST), c’est que l’efficacité de son écriture et sa spectaculaire mise en scène de l’intime transcendent largement le carcan islandais. Avec JAR CITY, il exploitait à merveille le décor de son pays pour renforcer l’impact de son thriller déprimé. Et aujourd’hui, entre deux films hollywoodiens, il livre SURVIVRE, une fable comme le pur produit de son environnement. Direction les îles Vestmann, archipel d’Islande prospérant principalement sur le commerce du poisson. Dans les années 80, cinq marins partent en mer mais leur chalut coule. Ce serait l’histoire de bien des pêcheurs si l’un d’entre eux, le bedonnant Gulli, ne rejoignait pas seul la côte, après six heures à nager dans une eau glacée. Personne, pas même les soldats surentraînés, ne peuvent accomplir un tel exploit. Baltasar Kormákur construit son récit en trois actes bien distincts : une présentation de la communauté, recluse, à l’économie précaire, coincée entre une mer déchaînée et un volcan menaçant ; le naufrage du bateau et la course à la vie de Gulli ; l’incrédulité des gens face au miracle. SURVIVRE est riche de son exhaustivité. Il est autant le portrait d’une nature intransigeante, cruelle, qui broie tous ceux qui la défient, que celui d’un homme que le destin a choisi pour en réchapper, une curiosité que cette même nature a dotée d’une graisse salvatrice (on l’appelle l’Homme-phoque) et d’un calme olympien. Le film lorgne très souvent sur la tragédie, où l’on demande à Dieu et aux mouettes un sursis pour pouvoir partir dignement et où l’on doit questionner son fantasme d’immortalité. C’est pourquoi SURVIVRE oscille souvent entre un pragmatisme hyperréaliste et une poésie quasi fantastique, toujours dans un déchaînement de violence sonore et visuel. L’Islande étant ce qu’elle est, avec ses jours trop courts et ses nuits trop longues, SURVIVRE balaie un prisme entre le bleu pâle et le vert de gris, accable le spectateur par sa noirceur. Chaque étincelle d’humanité y est alors la plus belle source de chaleur qui soit. Avec son héros grassouillet, Kormákur livre au final un hommage aux héros ordinaires, ceux qui combattent le danger au quotidien, bien loin des clichés du surhomme dont le cinéma américain nous abreuve. Une belle ironie.
De Baltasar Kormákur. Avec Ólafur Darri Ólafsson, Jóhann G. Jóhannsson, Theodór Júlíusson. Islande. 1h33. Sortie le 24 avril
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