À compter les prouesses techniques, on en oublierait presque la faiblesse de l’histoire. Presque.
Motivé par les défis esthétiques requérant une utilisation poussée de la technologie contemporaine, Orange Studio (ex-Studio 37) – déjà au financement de THE PRODIGIES – présente UPSIDE DOWN, curiosité visuelle reposant sur un postulat fort : ailleurs, dans une autre réalité, deux planètes voisines ont des gravités inversées ; l’une – la société grisonnante et ouvrière d’en-bas – produit du pétrole qu’elle échange contre une électricité hors de prix, générée par l’autre – une société tertiaire à l’économie luxuriante. Leurs habitants respectifs n’ont aucun droit de se côtoyer. Pourtant Adam (Jim Sturgess) va croiser le chemin d’Eden (Kirsten Dunst) et ils vont tomber amoureux. Mais l’une de leurs incartades romantiques va virer au cauchemar : Eden va retomber violemment sur sa planète. Dix ans plus tard, Adam se met martèle en tête de la retrouver. Pour ce faire, il faut qu’il déjoue la gravité d’en-face et qu’il séduise à nouveau sa belle, dont la mémoire vacille. Sous le lustre d’un pamphlet social et politique, UPSIDE DOWN n’est qu’une histoire d’amour. Une romance au contexte extraordinaire, certes, mais linéaire et sans surprise. Entravant davantage cette trame simpliste, le scénario montre de terribles maladresses, des raccourcis narratifs désastreux. Le concept lui-même se permet des embardées bien pratiques pour éviter les obstacles d’un cahier des charges lourd. Un Deus Ex Machina bâcle le dénouement. Une surutilisation de la musique (notamment de Sigur Rós) sert de liant lorsque le récit bafouille. UPSIDE DOWN mise beaucoup (trop) sur le spectacle qu’il donne à voir. Lorsque l’inspiration plastique et le génie de la technologie numérique fusionnent, c’est un grand cinéma qui s’impose à coups d’images d’une beauté bouleversante. Parfois, la poésie visuelle déraille dans l’imagerie publicitaire ou dans le pire du SFX, mais on préfèrera retenir les quelques prouesses qui nous ont transportés. UPSIDE DOWN se repose sur son concept, aussi imaginatif que ceux proposés dans le monde de la BD ou du manga. Mais si le 9e art aurait donné de la place et du temps à son idée pour s’épanouir, ce n’est pas le cas du cinéma. UPSIDE DOWN mériterait pourtant une vraie mythologie, une ampleur narrative plus solide, un propos assumé et une vision plus définitive. Il reste un film relativement mineur où il n’y a que la renversante Kirsten Dunst qui nous mette la tête à l’envers.
De Juan Solanas. Avec Kirsten Dunst, Jim Sturgess, Timothy Spall. France / États-Unis. 1h38. Sortie le 1er mai
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