Cannes 2013 : BORGMAN / Critique

19-05-2013 - 21:29 - Par

D’Alex van Warmerdam. Sélection officielle, en compétition.

Synopsis (officiel) : Camiel Borgman surgit dans les rues tranquilles d’une banlieue cossue, pour sonner à la porte d’une famille bourgeoise. Qui est-il ? Un rêve, un démon, une allégorie, ou l’incarnation bien réelle de nos peurs ?

Trois hommes armés de fusils se précipitent dans la forêt. Camiel Borgman les entend arriver du fond de son terrier. Le temps que les « pourchasseurs » défoncent le sol pour révéler cet abri sous-terrain, dans un véritable chaos de terre et de poussière, l’ermite s’est échappé. Il est comme ça, Camiel : une présence rapide et leste comme un leprechaun, presque abstraite, impalpable. Et lorsqu’il va décider de semer le chaos dans une famille aisée, au mode de vie aseptisé, il va se révéler malfaisant et assassin. BORGMAN ouvre sur des scènes fulgurantes, où le mystère de la situation se mêle à sa cocasserie, instaurant une atmosphère de danger latent aussi loufoque que terrifiante. D’autant que vouloir faire un film d’horreur en plein air et en plein jour est une vraie bonne idée. Et que veut ce vagabond à ses proies ? Qui sont ces gens qui forment autour de lui une association de malfaiteurs, mi comédiens grotesques, mi tueurs à gage ? On l’ignore et cette détermination à faire le mal rappelle indéniablement le Haneke de FUNNY GAMES, la fascination pour l’ultra violence en moins, le décalage et la manipulation sournoise en plus. Borgman va progressivement aspirer parents, enfants et nounou dans une spirale morbide où tous vont tomber malades, se terrer dans le déni, devenir des êtres meurtriers ou désespérément amoureux de leurs bourreaux. Va comprendre… Derrière ce jeu de rôle cruel, à l’ironie féroce, y a-t-il vraiment quelque chose de plus attrayant sociologiquement que le fameux postulat « le danger est partout, même derrière les apparences innocentes ou inoffensives, et il peut frapper à votre porte et dévaster votre foyer en moins de temps qu’il faut pour le dire » ? Haneke, donc, vingt ans après. Ou dans une moindre mesure, Dominik Moll ou François Ozon sous psychotropes. Passé la surprise du postulat de départ, BORGMAN devient plus lancinant, redondant, parfois exagérément méchant et malsain. Et une fois que le message est passé, l’intérêt se délite lentement. Reste l’indiscutable maîtrise formelle qui combine une esthétique glaçante et un humour noir irrésistible.

D’Alex van Warmerdam. Avec Jan Bijvoet, Hadewych Minis, Jeroen Perceval. Pays-Bas. 1h53. Prochainement.

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