SOUS SURVEILLANCE : chronique

08-05-2013 - 10:35 - Par

Robert Redford tente de revenir aux films politiques et paranos qui ont fait sa gloire d’acteur. En vain.

Sharon Solarz (Susan Sarandon), ancienne militante du Weather Underground – une organisation révolutionnaire des années 70 – est arrêtée trente ans après un braquage qui a mal tourné. Un journaliste, Ben Schulberg (Shia LaBeouf), découvre que derrière un avocat local, Jim Grant (Robert Redford), se cache un ex-compagnon d’armes de Sharon ayant changé d’identité. Exposé dans la presse, Grant part alors en cavale, traqué par le FBI et les médias… Pour qui a vu l’excellent documentaire THE WEATHER UNDERGROUND (sorti en 2005 en France) de Sam Green et Phil Siegel, le potentiel de SOUS SURVEILLANCE ne faisait aucun doute. Groupuscule armé formé par des étudiants opposés à la guerre du Vietnam et au gouvernement de Nixon, le Weather Underground a perpétré plus d’attentats sur le sol américain que quiconque. C’est dire si l’on voyait parfaitement Robert Redford – héros d’une certaine contre-culture, porte-drapeau démocrate et star de chefs-d’œuvre engagés comme LES HOMMES DU PRÉSIDENT ou LES TROIS JOURS DU CONDOR – se pencher sur ce pan bis et sombre de l’histoire US. Malheureusement, SOUS SURVEILLANCE ne satisfait pas ces attentes, en raison de problèmes d’exécution. Pendant trois gros quarts d’heure, Redford déroule un récit mystérieux, bourré d’intentions et d’une tension redoutable et étouffante – on pense notamment à un superbe et long face-à-face entre LaBeouf et Sarandon. Mais dès lors que Jim Grant s’enfuit, cette soigneuse construction s’effiloche pour laisser place à une narration linéaire et prévisible, dans laquelle les enjeux manquent cruellement de mordant. Redford fait également preuve d’un didactisme politique difficilement pardonnable, où le monde se sépare entre pauvres gentils et riches méchants, entre révolutionnaires exaltés et autorités oppressives et où les idéaux ne sont que de vagues concepts dont les personnages se saisissent sans souci de cohérence psychologique. En exergue, la pirouette finale effectuée par Ben, pourtant remarquablement croqué (et interprété par LaBeouf) jusque-là. Si encore Redford parvenait à assurer le cahier des charges du film à suspense, mais non : à trop vouloir lorgner vers ses heures de gloire passées, il sombre au final plus dans un rythme ronflant que dans l’efficacité old school. Heureusement, quelques scènes et la performance de certains acteurs parviennent à sauver les meubles.

De Robert Redford. Avec Shia LaBeouf, Robert Redford, Brit Marling. États-Unis. 2h01. Sortie le 8 mai

 

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