Cannes 2013 : APRÈS LA NUIT / Critique

22-05-2013 - 12:03 - Par

De Basil Da Cunha. Quinzaine des réalisateurs.

Synopsis (officiel) : Tout juste sorti de prison, Sombra reprend sa vie de dealer dans le bidonville créole de Lisbonne. Entre l’argent prêté qu’il ne parvient pas à se faire rembourser et celui qu’il doit, un iguane fantasque, une petite voisine envahissante et un chef de bande qui se met à douter de lui, il se dit que, vraiment, il aurait peut-être mieux fait de rester à l’ombre…

Il y a une drôle d’ambiance dans ce APRÈS LA NUIT. Quelque chose oscillant entre le réalisme documentaire, qui ferait état de la socialisation impossible d’un ancien taulard, et le polar envoûtant. Car suivre Sombra (Pedro Ferreira) dans ses périples nocturnes, lui qui ne vit que lorsque le soleil est couché, c’est comme coller aux baskets d’un être mystique, aussi profond et mystérieux que l’iguane qui lui sert de compagnon (son « dragon »). Mais c’est aussi un animal blessé et donc terriblement violent. Rattrapé par les basses considérations quotidiennes, il doit rembourser le chef d’un gang d’une somme qu’il n’a pas. Pour ce faire, il va hanter la nuit pour récupérer des deniers prêtés, vendre un peu de drogue et participer à un casse qui va mal tourner. Parce qu’il est un homme sur lequel les autres n’ont pas prise, on le respecte autant qu’on l’accuse de tous les maux. APRÈS LA NUIT plonge aussi dans la communauté créole du Portugal, pauvre et croyant à la toute puissance des esprits. Et peut ainsi revêtir les atours d’une transe, où l’on s’aboie dessus en se menaçant de mort, sans réellement connaître la probabilité d’un passage à l’acte. Avec une caméra à l’épaule légère et vivace, Basil Da Cunha (dont c’est ici le premier film) nous entraîne dans un voyage très noir, poisseux, flirtant parfois avec le surréalisme, mais beau, au dénouement d’une poésie bouleversante. Il y a derrière tout ça l’envie de faire un cinéma urgent et cela ne va pas sans une improvisation flagrante des dialogues. Si les acteurs font montre d’une énergie qui force l’admiration, ils crachent souvent des répliques bégayantes, au sens redondant, qui – malgré l’ambition réaliste du procédé – ont tendance à sortir du film le spectateur baillant alors aux corneilles. On excusera ce gros défaut car c’est la tendresse et l’humour maladroit mâtinant ici et là le récit qui nous font aimer APRÈS LA NUIT.

De Basil Da Cunha. Avec Pedro Ferreira, João Veiga, Paulo Ribeiro. Suisse. 1h35. Prochainement

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