EPIC : chronique

01-06-2013 - 14:58 - Par

Chris Wedge recrée la nature à l’échelle microscopique pour une ambitieuse bataille entre les forces du bien et du mal. 

Cofondateur de Blue Sky – connu pour la franchise L’ÂGE DE GLACE –, Chris Wedge a attendu dix ans avant que son projet de cœur, EPIC, ne soit officiellement lancé par la Fox, la maison mère. Un mal pour un bien : il s’agit là du projet le plus mature du studio. Non pas que cette animation soit uniquement faite pour les adultes, mais c’est du cinéma solide qui nous est proposé. Aussi, on dira volontiers que, sans en atteindre la grâce ni le classicisme immédiat, EPIC a l’impact d’un vieux Disney, avec son histoire universelle et sa féérie. Public contemporain et avide d’action oblige, on a musclé l’aventure. Ne flirtant que sporadiquement avec le romantisme naïf des contes de fées, EPIC déroule la guerre entre les hommes-feuilles, chargés de protéger l’équilibre de la nature et la Reine Tara qui garantit la vie, et les Boggans, créatures maléfiques qui veulent signer le déclin de la forêt et s’accaparer le bourgeon qui élira le prochain maître à régner. Tout un monde en miniature dans lequel va être projeté comme par enchantement Mary Katherine, humaine comme vous et moi, dont le père a toujours essayé de prouver l’existence d’une vie en mini. Là-dessous, il y a bien sûr l’histoire – assez secondaire et traitée hélas de manière relativement superficielle – d’une fille qui va renouer avec un père qui l’a délaissée. L’intérêt d’EPIC réside dans son ambition, dans sa richesse visuelle, dans ses chorégraphies et ses plans aériens, dans ses petits personnages à la forte personnalité et dans la créativité qu’il a fallu pour élaborer tout un peuple de bestioles, dépeindre leur quotidien et le fonctionnement qui le régit. De solides fondations pour un récit somme toute linéaire dans lequel les plus jeunes pourront se plonger sans risquer la méningite. Lorgnant du côté de CHÉRIE, J’AI RÉTRÉCI LES GOSSES, Wedge nous offre aussi quelques scènes extraordinaires, dans lesquelles ces minipouss des bois se frottent à la vie humaine. L’idée – assez géniale – de statuer que les différentes espèces qui peuplent cette Terre n’existent pas à la même vitesse est le prétexte à une mise en scène particulièrement ludique (et tellement imaginative) où dans le regard des hommes-feuilles, notre monde va alors au ralenti. Y compris un cabot borgne et à trois pattes dont le passe-temps favori est de léchouiller tout ce qui passe, comme le gentil Godzilla d’une parodie de film d’horreur. Multipliant ainsi les points de vue et jouant sur l’humour qui se dégage de leur confrontation, Chris Wedge éveille sans cesse l’intérêt d’un spectateur plus amusé par ce qu’il voit que par ce qu’on lui raconte. C’est vrai, EPIC est d’abord un film spectaculaire.

De Chris Wedge. Avec les voix originales de Colin Farrell, Amanda Seyfried, Christoph Waltz. États-Unis. 1h35.

 

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