STAR TREK INTO DARKNESS : chronique

12-06-2013 - 10:21 - Par

Une suite mêlant forts enjeux psychologiques et spectacle démesuré.

Un bon méchant fait un bon film : un adage qui se vérifie dans la majorité des cas et auquel STAR TREK INTO DARKNESS ne déroge pas. Le triste souvenir d’Eric Bana en Nero, vilain Romulien n’ayant pas peur du ridicule, est soudain balayé par l’arrivée salvatrice d’un antagoniste de choix : John Harrison, incarné par l’acteur britannique Benedict Cumberbatch. Une prestation qui envoie du lourd, un personnage dont les agissements provoquent un chaos dévorant autour duquel tout le scénario est bâti. C’est donc un tourbillon morbide de tristesse et de colère qui va littéralement happer nos héros. Leur naïveté sautillante joliment drapée dans leur combi multicolore, leur dévotion forcenée à la cause pacifiste, ne vaudront pas tripette face au déchaînement de violence que ce John Harrison, assez rabat-joie il faut l’avouer, va engendrer. Il va falloir tuer l’ennemi sans sommation, faire le deuil de ses idéaux et peut-être même se sacrifier. Oui, mais STAR TREK INTO DARKNESS est un peu plus compliqué que ça, les motivations de son grand méchant étant, elles, presque légitimes. Et d’ailleurs, le film ne baigne pas en permanence dans une noirceur à vous miner le moral. On goûte ici ou là à l’humour inconséquent qui faisait le sel du premier opus. Il est ici le mécanisme de communication entre tous les membres de Starfleet, mais il n’est au final que le voile de fumée cachant des relations bien plus tendres. On pense évidemment au respect qui unit Sulu (il y a quelque chose de vraiment touchant dans le jeu de John Cho) à son capitaine mais surtout au lien fraternel qui se noue viscéralement entre Kirk (Chris Pine) et Spock (Zachary Quinto). Lien qui, mis à mal par les circonstances, va être le cœur de scènes absolument bouleversantes. STAR TREK INTO DARKNESS est très fort de ses moments dramatiques. Pour répondre à cette dimension émotionnelle assez prégnante et parce que le film joue dans la catégorie blockbuster, J.J. Abrams n’a pas lésiné sur la pyrotechnie et a fourré le tout de scènes d’action tour à tour démentes ou superfétatoires. Ce STID succombe aux exigences d’un public qui, obligé de lourdement mettre la main au porte-monnaie, en demande toujours plus – et peut-être trop – en matière de bruit et de spectacle (en IMAX et en 3D, rappelons-le). Ainsi, et là est le paradoxe, le ventre mou du film est le passage, un peu longuet, où l’image se désincarne pour laisser place à un tonnerre numérique à l’action parfois hélas confuse voire illisible. Reste que J.J. Abrams soigne ses effets spéciaux et s’efforce de donner de la chair à son univers de science-fiction. Il y a même, à voir John Harrison sauter sur ses assaillants comme un seigneur Sith transpercerait l’ennemi de son sabre laser, un fumet tenace de STAR WARS dans ce STAR TREK INTO DARKNESS. C’est dire la force de l’imagerie belliciste que le nerd- cinéaste est parvenu à imposer dans son magnifique et émouvant super-movie.

De J.J. Abrams. Avec Chris Pine, Zachary Quinto, Benedict Cumberbatch. États-Unis. 2h10. Sortie le 12 juin

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