LE CONGRÈS : chronique

03-07-2013 - 09:01 - Par

Après VALSE AVEC BACHIR, Ari Folman s’empare à nouveau de l’animation. Cette fois, pour une fable d’anticipation.

Robin Wright (dans son propre rôle) se voit proposer un contrat décisif pour sa carrière : lui offrant une somme juteuse, un producteur (incarné par Danny Huston) lui donne la possibilité d’être scannée et transformée en un avatar virtuel qui ne vieillira jamais et sera exploité dans moult productions, même celles dans lesquelles l’actrice aurait sans doute refusé de jouer. Son agent (Harvey Keitel), un vieux de la vieille, ne se fait même plus d’illusions : à son grand regret, le cinéma va devenir une réalité numérique et si Robin veut survivre à la grande mutation, cette désincarnation d’elle-même est une manière comme une autre de passer à la postérité. « Je veux faire revivre la Robin Wright de PRINCESS BRIDE », assène, convaincant, le très vilain col blanc à l’actrice, symbole des femmes que l’âge prive de tout intérêt hollywoodien. C’est à partir d’un postulat très pessimiste qu’Ari Folman va tricoter sa fable sur l’avenir mortifère du septième art. Au-delà du cinéma, le réalisateur extrapole la fin du réel et prédit l’existence d’échappatoires artificielles dans lesquelles les humains seront contraints de se réfugier. Jusque-là réalisé en live action (pour lequel le metteur en scène montre un talent visuel inouï et un amour évident pour la direction de comédiens) et pétri d’un humour sardonique, LE CONGRÈS se projette alors vingt ans en avant, en 2033, un saut dans le temps prétexte à passer au medium animation (la justification est fumeuse). Le film se fait alors colérique, aigri et cauchemardesque (le style graphique est à cheval entre le court-métrage « Love is All » et THE WALL), le discours devient manichéen, le récit multiplie les rebondissements erratiques pour finir par être particulièrement confus. Manque la rigueur esthétique et narrative de cinéastes chevronnés comme les Wachowski pour pallier un grand manque de cohérence et de recul pourtant nécessaires aux manifestes philosophiques. Alors qu’ici, passée une heure, Ari Folman n’a soudain plus envie de rire, LE CONGRÈS devient prétentieux, redouble de grandes phrases et d’autant de certitudes assénées au burin. C’est pourtant un film riche, offrant plusieurs pistes de réflexion particulièrement intéressantes. Mais la forme, d’abord si douce, se fait trop revêche pour inciter à se plonger dans les thèses de Folman.

D’Ari Folman. Avec Robin Wright, Danny Huston, Harvey Keitel. États-Unis. 2h00. Sortie le 3 juillet

 

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