PACIFIC RIM : chronique

12-07-2013 - 10:57 - Par

Guillermo del Toro s’en tient au programme : kaijus vs. jaegers. On n’en demandait pas plus. 

Il y a quelque chose de solide dans ce PACIFIC RIM, qui tient du set design, des costumes, de l’univers recréé, du postulat chouette qui affirme que sous peu, de grands monstres extraterrestres (les Kaijus) profiteront de l’atmosphère malade de la Terre  pour surgir d’une faille marine et tout péter. Et qui stipule aussi que nous, humains, nous construirons de gros robots guerriers (les Jaegers), pilotés par deux soldats dont les esprits seront reliés artificiellement, pour leur botter le cul. Mais ces bestioles qu’on pensait pouvoir éliminer d’une pichenette en métal se feront plus féroces, plus nombreuses, au fil du temps et tous les murs construits autour du Pacifique, périmètre d’action, n’y feront rien. Tout ça est savamment expliqué par la voix off de Raleigh Becket (Charlie Hunnam), l’un des meilleurs combattants des USA, dans une introduction particulièrement claire et efficace, qui ancre le film à venir dans une réalité totalement acceptée. Problème : Raleigh perd son frère (qui est aussi son frère d’arme) pendant la guerre. De quoi dégoûter le belliqueux et le forcer à une retraite dans le bâtiment. Mais alors que le programme des Jaegers est annulé par les gouvernements impliqués faute d’efficacité, Stacker Pentecost (Idris Elba), en charge dudit programme, va résister. Il rappelle Raleigh dans l’armée de la dernière chance. Il n’y a plus beaucoup de Jaegers, mais la place est toujours chaude. Pour le résumé, on s’arrêtera là, car PACIFIC RIM n’a pas grand-chose d’autre à raconter. Même en affublant chacun de ses personnages des mêmes sempiternels traumatismes hollywoodiens (tous tentent de transcender un deuil d’une manière ou d’une autre), même en lorgnant méchamment du côté de TOP GUN, même en recyclant l’imagerie d’Hiroshima, le film s’en tient à ça. Est-ce un mal ? Non. On accepte que Del Toro oublie d’exploiter en profondeur ce qu’impliquent les connections neuronales créées entre deux pilotes, on excuse le sous-texte écolo fumeux, on abdique devant un récit sur des rails car PACIFIC RIM est bien foutu. Il y a de grands monstres (Guillermo del Toro n’a jamais tari de créativité en la matière), il y a de gigantesques machines robotiques filmées en contreplongée, bref, il y a une puissance indicible qui se dégage de cette atmosphère apocalyptique et qui vous renvoie à l’état d’un enfant devant un GODZILLA ou un TRANSFORMERS. Une gageure vu que Del Toro ne filme ces affrontements QUE de nuit au risque que le gimmick passe pour un cache misère – pratique que le public ne puisse réellement distinguer les SFX ou critiquer la géo-spatialisation. Mais encore une fois, en matière d’action, d’ampleur de mise en scène, d’iconisation, on pourra se réjouir d’avoir obtenu exactement ce qu’on voulait : un gros film badass. Oui mais. Puisque le jeu des analogies et des sept différences semble inévitable, qui critique Michael Bay et le patriotisme de ses TRANSFORMERS notera que dans PACIFIC RIM, la technologie chinoise est aussi nulle que les soldats russes. Qui épingle l’Américain et sa fâcheuse manie à insuffler de l’humour sexiste et vulgos à sa franchise, pourra aussi attaquer le Mexicain et son humour de geek pas franchement malin. On prendra pour exemple les deux scientifiques insupportables (on n’a pas trouvé adjectif plus fort) campés par Charlie Day (insupportable) et Burn Gorman (insupportable), avec leur voix de fausset et leurs logorrhées verbales. Leurs dialogues, exclusivement composés de punchlines peu inspirées, reflètent ce qu’on peut faire de pire en matière d’écriture (ceci dit, c’est le cas d’à peu près toutes les répliques du film hormis le fameux « Tonight, we are cancelling the apocalypse » d’Idris Elba). Leurs personnages, entre le cliché du sidekick et le comic-relief rebattu des actioners américains, sont le degré zéro de l’imagination. D’autant qu’ils interagissent avec le troisième personnage insupportable du film, incarné par Ron Perlman, un trafiquant d’organes aux boots en or, qui passe dans le film comme un intrus, une anomalie grotesque (on le dirait sorti du pire de la mythologie HELLBOY) évoluant dans un décor carton-pâte. Mais la force de PACIFIC RIM est de ne pas se complaire dans ses fautes de goûts et de toujours revenir à l’essentiel. Il peut par ailleurs se targuer d’avoir l’un des personnages féminins les plus charismatiques de l’année, en la personne de Mako Mori, orpheline motivée par une profonde vengeance et campée par une Rinko Kikuchi qui – à l’inverse de son comparse Charlie Hunnam, très mauvais – irradie littéralement l’écran d’une grâce animale.

De Guillermo del Toro. Avec Charlie Hunnam, Idris Elba, Rinko Kikuchi. États-Unis. 2h10. Sortie le 17 juillet

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