Toronto 2013 : ENOUGH SAID / Critique

08-09-2013 - 12:08 - Par

De Nicole Holofcener. Avec James Gandolfini, Julia Louis-Dreyfus. Special Presentations.

Pitch : Eva (Julia Louis-Dreyfus), divorcée, rencontre Marianne (Catherine Keener), qui représente tout ce qu’elle voudrait être. Désormais en paix avec son âge et son célibat, Eva décide de donner sa chance à son nouveau prétendant, Albert (James Gandolfini), un homme doux et drôle. Mais Eva apprend qu’il est l’ex mari de Marianne…

À première vue, ENOUGH SAID a tout pour entrer dans cette catégorie fourre-tout du « petit film indépendant » au récit calibré duquel rien ne dépasse, destiné à un public mainstream en quête de jolis petits objets inoffensifs à la mise en scène fonctionnelle et impersonnelle. Et à bien des égards, cette description peu ragoûtante peut s’appliquer au nouveau film de Nicole Holofcener (WALKING AND TALKING, la série SIX FEET UNDER, FRIENDS WITH MONEY, LA BEAUTÉ DU GESTE). La mise en scène n’a ici aucune identité. L’histoire contée n’a rien de foncièrement audacieux. Et pourtant, ENOUGH SAID parvient à transcender cet état de fait et s’avère un de ces films au charme frondeur et irrésistible dont on ressort conquis. La « faute » à un ton mêlant habilement la mélancolie à l’allégresse, où les dialogues – souvent très drôles – recèlent de trésors d’inventivité et de malice. Holofcener y trouve l’opportunité de dresser des portraits de quadragénaires aussi réalistes qu’attachants. Qu’elle se penche sur la tyrannie de l’apparence, le poids des années, le temps qui passe – et ce que cela implique lorsque l’on voit ses enfants quitter le foyer –, Holofcener applique un regard diablement humain et sincère sur ses personnages qui jamais n’ont l’air de pantins, mais existent bel et bien devant nos yeux, avec tous leurs défauts, leurs qualités, leurs erreurs et leur grandeur. ENOUGH SAID a aussi le mérite de réunir Julia Louis-Dreyfus et James Gandolfini, un couple de cinéma magnifiquement improbable et détonant dans le genre, dont l’alchimie suinte de l’écran. La première irradie d’un charme gauche tandis que le second nous gratifie d’une prestation absolument poignante. Dans l’un de ses rôles les plus légers et aimables, il met toute son humanité au service d’un personnage bouleversant et hilarant de simplicité. Au moins parce qu’il permet de revoir encore une fois cet immense acteur évoluer sur grand écran avec toute la grâce qui le caractérisait, ENOUGH SAID surpasse tous ses petits concurrents dans la catégorie fourre-tout du « petit film indépendant ». De loin.

De Nicole Holofcener. Avec James Gandolfini, Julia Louis-Dreyfus, Catherine Keener. États-Unis. 1h30. Prochainement

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