Toronto 2013 : LE TEMPS D’UN ÉTÉ / Critique

10-09-2013 - 11:03 - Par

De John Wells. Avec Julia Roberts, Meryl Streep. Galas.

Pitch : Après le décès de son patriarche (Sam Shepard), une famille se réunit pour son enterrement. Mais les retrouvailles vont faire ressurgir de vieilles rancœurs, notamment entre la mère (Meryl Streep), cancéreuse accro aux antidouleurs et sa fille aînée (Julia Roberts), récemment séparée de son mari (Ewan McGregor).

Déjà auteur des pièces ayant inspiré les films BUG et KILLER JOE, le dramaturge Tracy Letts a reçu le Prix Pulitzer en 2008 pour « August : Osage County ». Un succès qu’il adapte aujourd’hui au cinéma avec, à la réalisation, John Wells (THE COMPANY MEN), et devant la caméra un casting ahurissant composé de Meryl Streep, Julia Roberts, Ewan McGregor, Benedict Cumberbatch, Abigail Breslin, Juliette Lewis, Dermot Mulroney, Sam Shepard, Julianne Nicholson, Chris Cooper et Margo Martindale. Avec de tels talents réunis sur un même projet, LE TEMPS D’UN ÉTÉ (titre français bizarrement bucolique considéré la teneur du film) attisait forcément notre curiosité mais il n’aura fallu que quelques minutes pour que cette attente s’effondre. Dépressif à l’extrême, LE TEMPS D’UN ÉTÉ met en scène une famille composée d’âmes en souffrance d’un côté et de tortionnaires de l’autre, si bien que l’on peine très rapidement à ressentir la moindre empathie pour la plupart d’entre eux. Les scènes de disputes virulentes se succèdent, les unes après les autres, et le brio des dialogues ne suffit pas à faire oublier l’irritation suscitée par ce chaos bavard où le seul mode d’expression sont les hurlements, où les excuses sont bidonnées, où la haine et la rancœur sont les moteurs principaux des relations humaines. Si cette atmosphère cataclysmique semblait organique, peut-être LE TEMPS D’UN ÉTÉ pourrait-il éveiller l’attention. Mais tout ici semble forcé, calculé, mu par aucune volonté de réalisme émotionnel. Le scénario pousse très loin les secrets de famille divulgués au fil des engueulades, en une sorte de délire mélo ne semblant avoir aucune limite. Bien sûr, quelques séquences sortent du lot, car dirigées par une réelle sincérité de jeu et d’écriture, mais elles ne sont que gouttes d’eau dans cet océan d’amertume où certains personnages ont pour seule raison d’être l’humiliation que les autres pourront leur faire subir. Là où, dans le même genre mélo familial, la série SIX FEET UNDER (pour ne citer qu’elle) ménageait les silences et les non-dits pour créer la tension, parvenait à ne jamais tout peindre en noir et savait jouer de sentiments profonds et complexes, LE TEMPS D’UN ÉTÉ ne se repose que sur une théâtralité hystérique assez creuse à laquelle il est quasiment impossible de se relier.

De John Wells. Avec Julia Roberts, Meryl Streep, Ewan McGregor, Benedict Cumberbatch. États-Unis. 2h10. Sortie le 5 février 2014

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