Toronto 2013 : NIGHT MOVES / Critique

11-09-2013 - 09:05 - Par

De Kelly Reichardt. Avec Jesse Eisenberg, Dakota Fanning. Special Presentations.

Dena (Dakota Fanning), Josh (Jesse Eisenberg) et Harmon (Peter Sarsgaard), trois éco activistes radicaux, planifient un attentat sur un barrage, symbole d’une société de consommation qu’ils méprisent. Quelles seront les conséquences de cet acte de rage et d’engagement sur leur vie ? Qu’est-il donc arrivé à la cinéaste Kelly Reichardt ? Ou du moins, comment notre relation à son cinéma a-t-elle pu autant se déliter ? Alors que OLD JOY et WENDY & LUCY nous avaient tous les deux ravis dans leur genre, LA DERNIÈRE PISTE nous avait totalement perdus par ses manques d’enjeux et sa tendance à étirer arbitrairement la durée de son récit. La réconciliation ne sera pas pour NIGHT MOVES. Certes, on ne reprochera pas à Reichardt la langueur de la narration puisqu’elle était justement la force d’OLD JOY et WENDY & LUCY, histoires d’errances, de perte et / ou de retrouvailles. Mais comme sur LA DERNIÈRE PISTE, il semblerait que le rythme lancinant et désespérément lent de NIGHT MOVES ne soit plus qu’un gimmick. Une marque de fabrique arrivée quasiment à épuisement. Si Reichardt parvient tout de même à en tirer une certaine tension dans les trois premiers quarts d’heure du film, NIGHT MOVES s’effondre peu à peu sur lui-même. La faute à une écriture si ce n’est paresseuse, quelque peu flottante, où les personnages centraux campés par Jesse Eisenberg, Dakota Fanning et Peter Sarsgaard apparaissent totalement perdus, dénués de la moindre aura ou pire, hypocrites (des écolo roulant en pick up 4×4 !), comme s’ils menaient leur action terroriste sans réelle conviction, sans vouloir assumer leurs actes. Ainsi passent-ils leur temps à s’accuser les uns les autres, à ne pas trop savoir quoi faire, comment et pourquoi. La réplique du film pourrait même être « I thought you said… » (Je croyais que tu avais dit), que les anti héros se balancent pour se renvoyer la balle de leur propre incompétence. Que ce manque total de vista soit voulu par Reichardt – on pourrait y voir un commentaire politique ou une étude sur la force fluctuante de l’idéalisme – ou pas, il n’en demeure pas moins qu’il ne sert pas NIGHT MOVES. Au contraire de THE EAST sur le même sujet, le film ne parvient jamais à susciter d’empathie pour ses personnages ou l’ambiguïté suffisante pour que le spectateur s’interroge sur le sujet abordé. On navigue ainsi sans grande passion entre dialogues génériques, scènes ostentatoirement étirées à leur maximum et message à la subtilité toute relative. Que voulait vraiment nous dire Kelly Reichardt en filmant les doutes et remords de ses protagonistes ? Que le terrorisme tue ? Qu’il brise des vies ? Que les beaux principes peuvent se craqueler devant les conséquences dramatiques d’une action illégale ? Sans rire.

De Kelly Reichardt. Avec Jesse Eisenberg, Dakota Fanning, Peter Sarsgaard. Etats-Unis. 1h52. Prochainement.

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