Toronto 2013 : MAINTENANT C’EST MA VIE / Critique

12-09-2013 - 10:01 - Par

De Kevin Macdonald. Avec Saoirse Ronan, George MacKay. Special Presentations.

Pitch : Alors que l’Europe est bouleversée par des troubles géopolitiques, Daisy, jeune New-Yorkaise de 15 ans, passe pour la première fois ses vacances chez ses cousins dans la campagne anglaise. Une parenthèse enchantée qui va brutalement exploser quand éclate la Troisième Guerre Mondiale…

Au cinéaste écossais Kevin Macdonald, on ne pourra reprocher de se répéter ad nauseam. Lui qui s’est fait un nom dans le documentaire (notamment avec les excellents LA MORT SUSPENDUE, UN JOUR EN SEPTEMBRE ou MON MEILLEUR ENNEMI), s’est depuis quelques années lancé dans la fiction avec une filmographie d’un éclectisme à toute épreuve : LE DERNIER ROI D’ÉCOSSE, JEUX DE POUVOIR, L’AIGLE DE LA NEUVIÈME LÉGION. Points communs de tous ces films, pourtant : une dose sous-jacente de politique – ou de petite histoire dans la Grande – et un net attrait pour les tournages en décors naturels ajoutant un surplus de réalisme. Avec son nouveau projet, MAINTENANT, C’EST MA VIE (traduction littérale de HOW I LOVE NOW), Macdonald se lance encore une fois dans un nouveau genre puisqu’il adapte le roman pour adolescents éponyme de Meg Rosoff, et y applique les deux composantes habituelles de son cinéma. Tourné dans les paysages verdoyants des campagnes anglaises et galloises, MAINTENANT C’EST MA VIE se déroule alors qu’une Troisième Guerre mondiale menace, puis éclate. Mais la politique reste ici secondaire : jamais ne connaîtrons-nous les raisons du conflit, les ennemis du Royaume-Uni dans celui-ci ou tout autre détail éclairant. Avant la guerre, tout juste voit-on quelques écrans télé l’annonçant ou des avions de chasse zébrer le ciel. Une fois le conflit déclaré, pas de combats à proprement parler, mais une ou deux escarmouches fugaces. Et surtout, une superbe scène d’explosion nucléaire : superbe car Macdonald pose sa caméra uniquement sur les conséquences – le souffle et les cendres – observées par les protagonistes, éloignés du point d’impact. En effet,  MAINTENANT C’EST MA VIE demeure avant tout un regard à hauteur d’enfants et d’adolescents sur la guerre, une vision très subjective dont le cadre ne s’élargit donc qu’à de rares moments. C’est là tout l’intérêt du projet, un peu comme l’était celui de 28 JOURS PLUS TARD, qui revisitait le zombie movie et l’Apocalypse sur un mode intimiste et humain. Bien sûr, MAINTENANT C’EST MA VIE ne se hisse pas au niveau du classique de Danny Boyle, mais l’écriture, soignée – et pour cause, le script est cosigné par Tony Grisoni, auteur de RED RIDING et SOUTHCLIFFE –, offre quelques moments de cinéma puissants ou touchants. Parmi eux, un enrôlement de force, séquence dans laquelle Macdonald observe la manière dont chaque conflit, quel qu’il soit, fait fi des leçons apprises du passé et engendre des comportements immuables. Grâce à ces pics narratifs – on pense aussi à l’arrivée de l’armée dans la grange où logent les enfants ou au moment où Daisy explore un charnier pour y chercher ses proches –, MAINTENANT C’EST MA VIE s’élève largement au-dessus de la masse des adaptations de romans pour ados. Sans doute parce que le projet est profondément européen, il se permet non seulement une dureté sans concession mais aussi de prendre des directions surprenantes. Une rigueur qui ne tient malheureusement pas toujours. Les personnages de MAINTENANT C’EST MA VIE demeurent des archétypes que le scénario ne pousse pas assez hors des sentiers battus, la voix off semble aussi inutile qu’envahissante, quelques plans convoquent malheureusement une esthétique publicitaire. Pire, la romance au centre du film semble bien fade – alors qu’elle est le moteur du récit et le principal nœud dramatique. Pourtant, elle aboutit paradoxalement à un troisième acte logique et satisfaisant, finissant de faire du projet un film plus qu’honorable, aux intentions honnêtes et à l’exécution solide.

De Kevin Macdonald. Avec Saoirse Ronan, George MacKay, Tom Holland. Grande-Bretagne. 1h40. Sortie le 19 février 2014.

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