Toronto 2013 : THE DISAPPEARANCE OF ELEANOR RIGBY : HIM & HER / Critique

13-09-2013 - 11:19 - Par

De Ned Benson. Avec Jessica Chastain, James McAvoy. Special Presentations.

À Toronto, nous aurons donc vu un biopic de Jimi Hendrix (ALL IS BY MY SIDE) ne comprenant aucune chanson de Jimi Hendrix, mais une reprise des Beatles. Et un film faisant référence à un morceau des Beatles, n’ayant rien à voir avec le Fab Four de Liverpool : THE DISAPPEARANCE OF ELEANOR RIGBY. Car si par trois fois, les protagonistes font référence au tube écrit par Paul McCartney, Eleanor Rigby est ici le nom – ou plutôt le pseudonyme – du personnage incarné par Jessica Chastain. Original et ambitieux dans ses intentions, THE DISAPPEARANCE OF ELEANOR RIGBY est un diptyque dont chacun des volets, HER et HIM, revient sur la même histoire, mais d’un point de vue différent : celui de l’épouse Eleanor (Chastain) dans le premier et celui du mari Conor (James McAvoy) dans le second. Et nous conte comment, après un événement tragique, un couple se sépare et tente dans le même temps de se reconstruire. Si THE DISAPPEARANCE… n’a pas pour vocation d’être projeté en salles d’un seul tenant – HIM et HER devraient ainsi sortir de manière indépendante l’un de l’autre, sans ordre de visionnage imposé –, c’est sous la forme d’un bloc de 3h10 qu’il a été présenté à Toronto, en commençant par HER. Or, nous ne saurons trop conseiller de débuter par HIM : en effet, l’épisode porté par James McAvoy s’avère parfait pour entamer cette aventure. Car si HER crée le mystère autour de l’événement tragique qui a poussé le couple à se séparer, HIM dévoile le pot aux roses plus rapidement et se penche sur un autre mystère au final plus prenant : où est passée Eleanor après la rupture ? Que fait-elle ? Que devient-elle ? Conor parviendra-t-il à la retrouver ? Son parcours s’avère une porte d’entrée rêvée dans le diptyque, puisque Conor – superbement incarné par McAvoy – apparaît comme le vecteur principal d’empathie. Là où HER apparaît un poil trop bavard et éthéré, contaminé par la dépression d’Eleanor, HIM vibre de l’énergie d’un homme bien décidé à reconquérir l’amour de sa vie. Au-delà, les deux opus se répondent parfaitement en des jeux de miroirs et des parallèles souvent bien menés (Eleanor et Conor ont tous deux un mentor et un confident : sa prof et sa sœur pour la première, son père et son meilleur ami pour le second). Mieux, Benson a la malice de ne pas livrer des versions identiques d’une même scène : comme tout est ici question de point de vue, les dialogues changent subtilement ou radicalement de HIM à HER, les deux membres du couple ayant une vision propre de leurs désaccords ou de leur passé commun. Une manière de dresser des portraits très convaincants et très fouillés des personnages. Reste que le diptyque s’avère trop inégal : si Jessica Chastain livre une belle prestation dans HER, son épisode s’avère trop clinique (et un poil trop prétentieux – chic), son personnage difficile d’accès, là où HIM et Conor véhiculent un romantisme sincère auquel il est plus aisé de se raccrocher. THE DISAPPEARANCE… n’emporte donc pas totalement le morceau, mais son ambition n’en demeure pas moins louable et l’expérience de cinéma proposée digne d’intérêt.

De Ned Benson. Avec Jessica Chastain, James McAvoy, Bill Hader, Viola Davis, Isabelle Huppert, William Hurt. 2x 1h35. États-Unis. Prochainement.

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.