IL ÉTAIT TEMPS : chronique

06-11-2013 - 13:41 - Par

La science-fiction pour mieux saluer le temps présent. Quand il s’agit d’amour, Richard Curtis excelle, comme d’habitude.

Réalisateur du sublime LOVE ACTUALLY, scénariste de QUATRE MARIAGES ET UN ENTERREMENT ou COUP DE FOUDRE À NOTTING HILL, Richard Curtis tire la comédie romantique – genre parfois malmené par des produits bas de gamme – vers le haut. D’aucuns diraient qu’il applique des recettes, une méthode. Disons qu’il a une patte et que ses films se reconnaissent entre mille. Et que si recette il y a, elle est délicieuse. S’inscrivant fièrement dans cette filmographie, IL ÉTAIT TEMPS n’est pourtant pas une romcom typique. Son postulat est surnaturel : Tim, 21 ans, apprend par son père que les hommes de la famille ont un don. Celui de voyager dans le passé. Le pauvre étudiant pense avoir là la clé pour trouver l’amour. Parfois, il aide même les copains en détresse, en réécrivant l’histoire. Quand il rencontre la belle Mary, il va devoir apprivoiser sa drôle d’aptitude pour que sa vie devienne un joli conte de fées. Réparer ses erreurs, réessayer encore et encore, rattraper le temps perdu, ne jamais avoir de regrets, tout le monde en a rêvé. Mais atteindre la perfection, est-ce vraiment possible ? Pouvoir faire un brouillon avant de vivre sa vie, est-ce réellement enviable ? Encore une raison pour laquelle IL ÉTAIT TEMPS n’est pas une romcom comme les autres : l’histoire entre Tim et Mary a beau être le point de départ, les routes qu’emprunte le scénario balaient tous les amours, toutes les affections et toutes les amitiés qui construisent une existence. Si un grand pouvoir implique une grande responsabilité, impossible pour ce Tim, dadais campé par le majestueusement normal Domhnall Gleeson, de sauver ses proches de tous les faux pas. IL ÉTAIT TEMPS se résout donc à nier la science-fiction pour faire l’éloge du réalisme, sous des airs de fable très originale sur le passage à l’âge adulte : devenir père, faire son deuil, accepter l’échec. Sans jamais chouiner, ni tirer de larmes faciles à son public, Richard Curtis atteint une vérité émotionnelle bouleversante. Pourtant, son Angleterre, très cute, voire un peu rasoir, ses personnages top classe et ses intérieurs « très Maisons & Jardins » auraient pu être d’infranchissables obstacles à l’authenticité du film. Mais la coquetterie n’empêche pas les sentiments. De toute façon, le réalisateur a une autre marque de fabrique infaillible : celle de créer une galerie de personnages atypiques, au caractère très singulier, aidant à la comédie. Car même lorsqu’il se laisse aller à la tristesse, IL ÉTAIT TEMPS propose toujours une flegmatique réplique ou une situation incongrue pour vous redonner le sourire.

De Richard Curtis. Avec Domhnall Gleeson, Rachel McAdams, Bill Nighy. Grande-Bretagne. 2h03. Sortie le 6 novembre

 

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