LA STRATÉGIE ENDER : chronique

11-11-2013 - 12:11 - Par

L’adaptation du roman de science-fiction d’Orson Scott Card, publié en 1985, est plutôt une très bonne surprise.

S‘il y avait trois choses à retenir de LA STRATÉGIE ENDER ? 1/On doit donner leur chance aux réalisateurs qui ont raté leur premier projet hollywoodien et ce, même s’il s’agit de Gavin Hood, metteur en scène sud- africain célèbre pour avoir foiré X-MEN ORIGINS : WOLVERINE. 2/Les propos récents et méprisables d’Orson Scott Card (voir p.88), auteur du roman de SF culte « La Stratégie Ender », ne devraient rien avoir à faire avec le talent dont ce dernier a un jour fait preuve. 3/Toutes les sacro-saintes « adaptations de best-sellers » ciblées « jeunes adultes » ne sont pas indignes d’intérêt. Même si LA STRATÉGIE ENDER ne se hisse pas au niveau d’un HUNGER GAMES, ce mini-blockbuster mérite vraiment le coup d’œil. Il requiert d’ailleurs l’attention du spectateur jusqu’à la fin. On s’est longtemps demandé si le film allait persévérer dans la voix fumeuse et inconsciente du dépliant vantant les mérites des enfants-soldats. Non. Le message (qui est tout autre) est juste très bien amené. Il y a même quelque chose d’intelligent dans la manière dont le film refuse de fustiger l’impact des jeux vidéo sur le cerveau malléable de nos chères têtes blondes : ils éveilleraient leurs réflexes. Ne tiendrait plus qu’à nous, adultes, de canaliser leurs aptitudes pour que le réel reste un domaine sacré. Malheureusement, ce qu’a décidé le Colonel Hyrum Graff (Harrison Ford) pour Ender Wiggin (Asa Butterfield) est moins scrupuleux. Quelques décennies après une attaque extraterrestre, les Humains se tiennent prêts à repousser à nouveau l’ennemi. Pour ce faire, l’élite militaire forme des enfants à la guerre. L’un d’entre eux, Ender donc, révèle des capacités de stratège hors norme et va être formé à devenir le nouveau leader de l’armée terrestre. Dans la catégorie « film familial », on reconnaîtra au jeune héros une psychologie complexe, mêlant dégoût pour la brutalité, empathie extrême et talent pour toute violence virtuelle, faisant de lui le point fort de LA STRATÉGIE ENDER. Audacieux aussi, le refus systématique d’édulcorer le regard porté sur le potentiel belliciste des enfants et la gestion émotionnelle de leurs actes. Épatante encore, l’ambition visuelle du film, oscillant entre rétro (le roman a été écrit dans les années 80) et futurisme (les technologies d’aujourd’hui lui permettent d’être quasiment parfait techniquement). Bien sûr, on retrouve, çà et là, des scènes superflues, quelques redites, autant de cabotinages de Ben Kingsley, une certaine apathie d’Harrison Ford, mais on retient surtout la grande sensibilité de cette histoire. Une histoire qui passe par la manipulation du spectateur pour lui arracher un profond sentiment d’injustice. Chacun se doit d’être responsable de plus faible que soi, tel est le message final un peu simpliste, mais efficace.

De Gavin Hood. Avec Asa Butterfield, Hailee Steinfeld, Harrison Ford. États-Unis. 1h54. Sortie le 6 novembre

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.