DON JON : chronique

26-12-2013 - 09:37 - Par

Le premier long-métrage réalisé par Joseph Gordon-Levitt est une comédie dramatique curieuse, lorgnant vers la caricature pour mieux révéler les aléas de l’amour.

Il note le physique des femmes, est obsédé par la propreté, entretient son corps comme un maniaque, baise à tout va. Il est même accro au porno. Jon (Joseph Gordon-Levitt) pourrait être un american psycho s’il n’allait pas à l’église confesser ses péchés, pour entretenir le match qu’il joue avec Dieu : chaque dimanche est conditionné par la punition et le nombre exact de psaumes expiatoires qu’il aura à prononcer dans la semaine. Il ne se rend compte en rien que son hygiénisme fait de lui un hétérobeauf. Deux femmes vont pourtant lui ouvrir les yeux sur la piètre notion qu’il a de l’affection et changer son rapport archaïque au beau sexe, hérité du vieux couple que sont devenus ses parents. Barbara (excellente Scarlett Johansson), addict aux comédies romantiques et défiant en permanence sa virilité. Et Esther (Julianne Moore, fidèle à elle-même), femme plus âgée qui le rassure. Devant la caméra de Joseph Gordon-Levitt, l’homme est caricaturé selon son niveau de testostérone et la femme selon sa catégorie : baisable ou aimable. Mais c’est par cette grossièreté de caractérisation, se délitant lentement, qu’il parvient à dresser un portrait juste et fragile de l’homme mûr et de l’amour transcendant le passif et les peurs de chacun. Le même procédé est appliqué formellement : avec son montage cut et répétitif, ses images pornographiques intercalées et sa mise en scène relativement fonctionnelle, DON JON pourrait passer pour un premier essai maladroit. Au contraire, c’est un baptême du feu audacieux, privilégiant la simplicité à la démonstration, la petite histoire au pensum. DON JON est un savant mélange des deux faces de Gordon-Levitt : celle de l’artiste des films indépendants, voire underground (MYSTERIOUS SKIN, BRICK), du créateur du collectif HitRecord, gardant un pied en marge de l’industrie. Et celle, plus consensuelle, du gendre idéal, du it-boy d’Hollywood. Sa première réalisation est donc étrange, au risque que le spectateur n’ait que peu de prise sur le propos : la comédie romantique qui sous-tend le film est assez convenue ; la comédie dramatique qui constitue son cœur – on est davantage dans le récit initiatique que dans des aventures sentimentales – est brillante. D’autant qu’elle est parsemée de vrais moments d’humour, révélant une grande tendresse et une jolie malice chez le néo- metteur en scène.

De Joseph Gordon-Levitt. Avec Joseph Gordon-Levitt, Scarlett Johansson, Julianne Moore. États-Unis. 1h30. Sortie le 25 décembre

 

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