LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY : chronique

01-01-2014 - 12:04 - Par

Ben Stiller dans son meilleur rôle, pour son plus grand film : la merveilleuse épopée intime d’un homme rongé par la solitude.

Walter Mitty (Ben Stiller) est employé au service des diapos du magazine de grands reportages Life, mais il se rêve en héros fort et courageux, aux antipodes de l’existence solitaire et étriquée qu’il mène au jour le jour… Dure réalité de la crise oblige, la parution va s’arrêter et le dernier numéro va être supervisé par un col blanc responsable de la transition du magazine vers le web. Un odieux connard qui a décidé de faire de Walter son souffre-douleur. D’autant que notre rat des labos a un problème : il ne parvient pas à mettre la main sur le cliché sélectionné par le grand photographe Sean O’Connell (Sean Penn) pour illustrer la couverture finale. Il est temps pour cet homme de se relever de l’échec : prendre son sac à dos, transcender sa timidité face au défi et partir à la recherche de Sean, aventurier de l’autre bout du monde, pour récupérer la diapo manquante. Que faut-il pour avancer dans la vie quand le destin semble vous bloquer au point zéro du bonheur ? Ben Stiller signe un film sous la forme d’une bouleversante psychothérapie : la grandeur est souvent à portée de main et « les plus belles choses ne demandent jamais qu’on y prête attention ». Alors que sa caméra se balade de l’Islande à l’Himalaya, dans une épopée d’une beauté formelle ahurissante, qu’il enflamme l’écran par des séquences musicales d’une grâce folle, LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY fait l’éloge de la puissance émotionnelle qui réside en chacun de nous. Un feel good movie ? Non. Il n’y a pas vraiment dans WALTER MITTY une volonté de célébrer la vie, mais plutôt de souligner l’importance des liens humains et de la transmission pour survivre. Quelle chance a alors Sean O’Connell de pouvoir s’attarder longuement sur un détail, pour faire une photo parfaite, quand le monde est aliéné à un rythme purement virtuel ! Si Ben Stiller – qui pourra sans doute être taxé de vieux con passéiste – multiplie les moments de lyrisme ou les séquences oniriques d’une délicatesse inouïe (on pense à une scène dans laquelle retentit le magnifique « Space Oddity » de Bowie), il y a dans son film un pragmatisme qui émeut aux larmes. On peut être petit dans son rôle et grand dans son humanité. Méprisé dans sa fonction et noble de cœur. C’est un fait que seuls les cyniques renieront. WALTER MITTY, œuvre à la Capra, est fort d’idées de mise en scène puissantes, d’un héros écrit à fleur de peau, d’une utilisation sophistiquée de la pop culture, et d’un sens de la rupture salvateur. Car si vous pensez que le film de Stiller est juste un parangon de poésie, sachez aussi qu’il est par moments un gros morceau de poilade. Après tout, on peut aussi rigoler de la merde dont on essaie de se dépatouiller. Ben Stiller a même fait du rire face à l’adversité une arme imparable.

De Ben Stiller. Avec Ben Stiller, Kristen Wiig, Sean Penn. États-Unis. 1h50. Sortie le 1er janvier 2014

 

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