LES SORCIÈRES DE ZUGARRAMURDI : chronique

08-01-2014 - 09:22 - Par

Qu’on se le dise : la guerre des sexes aura bien lieu. C’est même Alex de la Iglesia, plus déjanté que jamais, qui l’arbitre. En 2014, il va y avoir du sport !

Après le braquage d’une boutique d’or à Madrid, un homme divorcé, voulant obtenir la garde de son fils, cherche à passer en France, accompagné de ce dernier, d’un toy boy en pleine crise existentielle et d’un chauffeur de taxi. Mais pour rejoindre la frontière, ces fuyards en mal de virilité doivent traverser un village isolé, repère caché d’une fratrie de sorcières mangeuses d’hommes (au sens gastronomique du terme). Celles- ci comptent en profiter pour mettre l’enfant au menu, car le sacrifice doit leur permettre de déclencher l’apocalypse féministe sur Terre. Rien que ça. Autant dire que la guerre des sexes qui se joue dans le dernier Álex de la Iglesia ne fait pas dans la demi-mesure. Ni dans la diplomatie. Si d’aucuns reprochaient à son précédent UN JOUR DE CHANCE de pécher par son sérieux, le réalisateur fait ici sauter le verrou des bonnes manières pour revenir à la grosse farce qui tache de ses débuts. Et comme à son habitude, personne n’est épargné : des machos un peu benêts aux chiennes de garde maléfiques, tout le monde a le droit aux coups de martinet d’une caricature outrancière, épinglant les relations houleuses du couple homme/femme avec une bonne dose de gore rigolard. Incorrigible trublion dans son attaque des mœurs de ses contemporains, Álex de la Iglesia ne peut malgré tout s’empêcher de les croquer avec une affection non feinte. Aussi tordus, irresponsables, névrotiques soient-ils. C’est sans doute pour cela que derrière les sévices et les humiliations à répétition, on trouve ce supplément d’âme qui élève son cinéma au-dessus des vils copieurs qui l’ont souvent imité, sans jamais l’égaler. Sans compter que LES SORCIÈRES DE ZUGARRAMURDI (titre pas aisé à retenir, on en convient) s’affiche discrètement comme une nouvelle déclaration d’amour à la compagne et muse du cinéaste, Carolina Bang. Révélée en 2010 dans BALADA TRISTE, la comédienne, en sirène au caractère d’adolescente et au tempérament volcanique, chipe aisément la vedette à ses partenaires. Son utilisation détournée d’un balai lors d’une scène impayable constitue l’un des passages les plus irrésistibles de l’œuvre d’un mauvais garçon joyeux qui pousse la déconne dans ses retranchements. Et de déconne, l’Espagne semble en avoir bien besoin en ces temps de sinistrose économique. Ce qui pourrait expliquer le succès des SORCIÈRES DE ZUGARRAMURDI là-bas. On aimerait bien qu’il en soit de même chez nous.

De Álex de la Iglesia. Avec Hugo Silva, Carmen Maura, Carolina Bang. Espagne. 1h52. Sortie le 8 janvier 2014

 

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