MONUMENTS MEN : chronique

12-03-2014 - 09:49 - Par

George Clooney filme un combat méconnu de la Seconde Guerre mondiale : la récupération des œuvres d’art volées par les nazis.

Quel sujet passionnant que celui de MONUMENTS MEN ! Raconter comment une bande de spécialistes en conservation et restauration d’œuvres d’art va lutter pour récupérer les toiles et autres sculptures volées par les nazis, et pour protéger celles qui ont été épargnées. Profitant de l’avancée des Alliés, ils vont se rendre en France et en Belgique occupées, mais aussi en Allemagne, et localiser les précieux objets afin de les subtiliser et les rendre à leurs propriétaires. Une histoire certes vraie, mais parallèle, loin des exploits militaires reconnus de tous. Pourtant, sans ces esthètes un peu fous, où seraient le retable « Adoration de l’Agneau mystique » peint par les Van Eyck et la « Vierge et l’Enfant » de Michel-Ange ? Sûrement plus au sein de la Cathédrale Saint-Bavon de Gand ni à Notre-Dame de Bruges. Les collections privées ou les musées français peuvent aussi leur dire merci. George Clooney, acteur et réalisateur aux choix sophistiqués, leur rend donc hommage dans ce film passionné et nécessaire. Mais une œuvre d’art vaut-elle le sacrifice d’une vie ? Ces hommes, peu rompus au combat, auront-ils les armes pour se défendre face aux soldats nazis ? Personne ne devrait mourir pour un tableau, stipule le début de MONUMENTS MEN. Pourtant, l’art est le cœur d’une civilisation. Il faut le protéger, quitte à donner sa vie. Ou pas… Bon, George… Le sujet du film méritait traitement plus subtil. La problématique est par trop souvent soulevée durant le film – histoire de rappeler au spectateur qu’il ne s’agit pas ici d’un film de guerre trivial. Sans oublier que Clooney tacle un peu bêtement l’avidité de nos élites pour qui un patrimoine culturel ne sera jamais aussi précieux qu’un bon vieux lingot. À trop vouloir défendre l’art et rallier les spectateurs à sa cause (au moins il s’en tient à son sujet, coûte que coûte), George devient pataud. Ne l’aident en rien un récit parfois décousu, dû à la complexité des opérations de recherche, et des personnages qui ne sont pas assez développés. Cristallisant le problème du didactisme dans MONUMENTS MEN, la musique d’Alexandre Desplat n’a qu’une fonction : guider les sentiments du spectateur. Sur une scène légère, le compositeur y va d’un score à la SEPTIÈME COMPAGNIE ; sur une scène plus tragique, il nous sert une nappe de piano tristounette. Il faut dire que MONUMENTS MEN danse dangereusement entre comédie et film d’aventures, sans vraiment trouver l’équilibre et au risque de paraître artificiel. D’autant plus frustrant qu’il y a de grands moments de cinéma disséminés ici et là, dont une scène d’anthologie de débarquement sur les plages normandes.

De George Clooney. Avec George Clooney, Matt Damon, Cate Blanchett. États-Unis. 1h50. Sortie le 12 mars.

 

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