LAST DAYS OF SUMMER : chronique

01-05-2014 - 10:52 - Par

Véritable mélo rétro, LAST DAYS OF SUMMER brille par la prestation brûlante et sensuelle de son duo d’acteurs.

Cette année, parmi tous les films au potentiel oscarisable figurait un outsider, LAST DAYS OF SUMMER, plus en retrait, moins immédiatement fantasque ou coup de poing. Pourtant ce film de Jason Reitman pourrait bien créer la surprise. On n’attendait pas du réalisateur de comédies tantôt acides (THANK YOU FOR SMOKING) tantôt aigres (YOUNG ADULT) un mélodrame aussi frontal, aussi vibrant. Adaptation du « Labor Day » de l’écrivaine Joyce Maynard, Reitman plonge tête baissée au cœur de cette histoire moite, à la limite parfois du roman de gare à l’eau de rose. Au cœur d’une campagne américaine intemporelle, Henry vit seul avec sa mère Adèle, devenue folle de chagrin. Le poids du regard de la société, l’amour et la colère qui se mélangent dans le regard de ce jeune homme devenu malgré lui « l’homme de la maison », la splendeur d’autrefois et la misère du jour, le réalisateur capte tout cela en quelques plans, quelques gestes qui saisissent dès l’ouverture du film. L’arrivée brutale de Frank, détenu en cavale condamné pour meurtre, va bousculer l’ordinaire de cette maison prisonnière de son passé. Filmé tour à tour comme un être animal, une figure paternelle, un amant viril ou un homme brisé, Josh Brolin donne à ce rôle de bagnard, en l’état plutôt convenu, une étonnante épaisseur. Reitman et lui réussissent à nuancer les différents états du personnage, justifiant en permanence la perception contrastée du jeune homme mi- séduit mi-apeuré. Difficile de ne pas penser à MUD face à cette histoire de hors-la-loi vu par un adolescent. Pourtant, Reitman se démarque de l’œuvre de Nichols en assumant la puissance érotique et sensuelle du personnage qui culmine dans une « séquence de tarte à la pêche », totalement casse-gueule mais absolument ensorcelante. Il faut dire que face à Josh Brolin, Kate Winslet excelle dans un rôle fragile, tout en nuances, de femme au bord du gouffre. On ne dira jamais assez combien cette actrice, discrète et délicate, donne à la folie une proximité et une incarnation bouleversantes. Assumant totalement les nœuds dramatiques attendus de son récit, Reitman se refuse à toute distance ou ironie. Son film possède alors un charme rétro indéniable où la perfection de la mise en scène et des comédiens rappelle une certaine excellence du cinéma classique hollywoodien. On se laisse alors porter par ce mélodrame charnel en état de grâce, comme bercé par la moiteur suffocante de ces « derniers jours d’été ».

De Jason Reitman. Avec Josh Brolin, Kate Winslet, Gattlin Griffith. États-Unis. 1h51. SORTIE LE 30 AVRIL

 

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