THE TWO FACES OF JANUARY : chronique

19-06-2014 - 09:33 - Par

Le scénariste de DRIVE passe à la réalisation en adaptant Patricia Highsmith. Etouffé par ses influences, le film reste solaire.

Le cinéma d’ Alfred Hitchcock clignote partout dans THE TWO FACES OF JANUARY. De la musique orageuse typée Bernard Herrmann, au blond de son héroïne tragique. Comme le dit si bien Hossein Amini (voir p.30), auteur et réalisateur, s’attaquer aux écrits de Patricia Highsmith, c’est essayer de ne pas faire comme ceux qui les ont adaptés avant soi. Raté. Pour autant, le film ne manque pas de personnalité et son caractère doit beaucoup à son trio d’acteurs formidables. Viggo Mortensen explore toutes les zones grises du personnage type de l’escroc : bête sociale mais loup solitaire au fond, serial killer qui ne fait pas exprès. Avec sa femme, incarnée par Kirsten Dunst, ils forment un couple chic et décati, qui fuit des créanciers à travers le monde. Rejoints par un troisième larron (Oscar Isaac), jeune homme débrouillard, moyennement blanc- bleu, en quête de figure paternelle à tuer, ils vont décamper de leur Grèce de villégiature et rejoindre la Turquie montagneuse et s’échapper d’Europe. Leur fuite en avant est assez prévisible : il y aura les avis de recherche, les services de douanes, les faux passeports. Elle déroulera même, parfois, quelques incohérences scénaristiques – ou disons quelques facilités très dommageables. Alors le plus souvent, envoûtés par une atmosphère de terreur au soleil, on se raccroche aux liens pervers qui unissent les trois protagonistes et les regards qui en disent long. On observe un peu glacés un jeu de massacre d’abord élégant puis sordide. On gratte, au fil de l’histoire, le vernis de ces anti-héros bien lustrés. On jubile de les voir suer au moindre double sens. Quel est leur passé ? Qu’ont-ils tous fait de si moche et condamnable pour ne pas pouvoir en parler ? Qui ment ? Et jusqu’où la paranoïa va-t-elle les mener ? Hossein Amini, scénariste reconnu pour son travail sur les personnages – et ce, même pour des blockbusters sur lesquels il est appelé à la rescousse au dernier moment –, est clairement un connaisseur du potentiel psychologique du cinéma et du portrait en clair-obscur. Il faut aussi reconnaître que, plastiquement, son film est une vraie réussite : Amini aligne les « cartes postales » pour mieux les saloper au fil d’un récit labyrinthique et trouble et transforme doucement ses images paradisiaques en une certaine idée de l’enfer sur Terre. Alors, c’est vrai, THE TWO FACES OF JANUARY n’est pas une proposition de cinéma follement originale – loin s’en faut –, mais il est une composition de très bonne facture. Un premier film qui se remarque.

De Hossein Amini. Avec Viggo Mortensen, Kirsten Dunst, Oscar Isaac. Grande-Bretagne/États-Unis. 1h37. SORTIE LE 18 JUIN

 

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