JERSEY BOYS : chronique

19-06-2014 - 09:46 - Par

Clint Eastwood revient avec classe et euphorie sur la success-story des Four Seasons, non sans empiéter sur quelques plates-bandes du cinéma de Martin Scorsese.

Tandis que la fête bat son plein, l’un des personnages centraux de JERSEY BOYS reste à l’écart devant un poste de télévision : à l’écran, la série RAWHIDE où  figure un jeune premier du nom de Clint Eastwood ! Plus qu’un clin d’œil  autoréférentiel, la présence symbolique du réalisateur dans son propre film tend à souligner le lien affectif qui a pu le pousser à s’intéresser à l’adaptation d’une pièce à succès de Broadway retraçant le parcours du quatuor des Four Seasons. C’était un groupe mythique de la scène américaine ayant éclaté au même moment que lui durant les années 60 et dont la singularité artistique a été à l’origine de quelques méprises : avant leur premier passage à la télé, le public pensait que la formation, pourtant d’origine italo-américaine, était constituée de chanteurs noirs ; de son côté, Eastwood a longtemps pâti de l’image controversée que ses personnages – et plus particulièrement l’Inspecteur Harry – lui avait conférée. Comme la bande à Frankie Valli, Clint Eastwood n’a cessé de peaufiner un style personnel en dehors du temps et des modes. Alors que l’auteur de HONKYTONK MAN et BIRD signe à l’âge de 84 ans un biopic musical n’a rien d’étonnant. Par contre, le voir aborder un genre balisé par le biais de la chronique scorsesienne constitue une réelle surprise. Et pour appuyer un peu plus la filiation, la distribution de JERSEY BOYS pioche allègrement dans les seconds rôles des SOPRANOS (dans laquelle jouait… Frankie Valli) et BOARDWALK EMPIRE. Parallèlement à cette réunion de vétérans emmenée par l’indétrônable Christopher Walken en gangster mélomane et philanthrope, le film donne la part belle à ses quatre jeunes comédiens, démontrant l’étendue de leurs capacités. Qu’il s’agisse des incroyables vocalises de John Lloyd Young (révélation de la pièce originale), ou du charisme félin de Vincent Piazza, JERSEY BOYS fait souffler un vent de fraîcheur sur le cinéma d’Eastwood. Fidèle au classicisme d’une mise en scène sans esbroufe mais en perpétuel mouvement, le réalisateur n’en continue pas mois d’expérimenter de nouvelles formes et de nouvelles figures (les personnages s’adressent directement à la caméra, par exemple), avec la modestie du vieux sage qui n’a plus rien à prouver.

De Clint Eastwood. Avec John Lloyd Young. Vincent Piazza, Erich Bergen. États-Unis. 2h15. Sortie le 18 juin.

 

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