LOCKE : chronique

23-07-2014 - 12:27 - Par

Tom Hardy à fleur de peau dans un huis clos faussement banal mais véritablement poignant. Simple et beau… comme la vie !

Un an tout juste après le sous estimé CRAZY JOE dans lequel Jason Statham jouait les anges gardiens au cœur d’un Londres interlope, Steven Knight revient à la réalisation avec LOCKE. Pour son second long-métrage, le scénariste de DIRTY PRETTY THINGS et LES PROMESSES DE L’OMBRE a décidé de laisser de côté le film noir très ancré dans le social pour verser dans le huis clos intimiste. On y suit le parcours en temps réel d’Ivan Locke (Tom Hardy), paisible contremaître marié et père de deux enfants, dévier de son parcours habituel en voiture pour se diriger vers une destination mystérieuse. Chemin faisant, il va devoir gérer au téléphone des situations toutes plus délicates les unes que les autres. Car ce que ses interlocuteurs ne savent pas, c’est qu’Ivan Locke a fait une promesse qui risque bien de bouleverser à tout jamais sa vie professionnelle et personnelle. Voilà pour le pitch volontairement cryptique de LOCKE qui a l’intelligence de rapidement dévoiler ses enjeux pour mieux immerger le spectateur dans ce voyage qui relève autant de la course contre la montre que du parcours introspectif. Plus terre à terre (dans tous les sens du terme) que sur son premier essai, Steven Knight livre ici un brillant exercice de style qui respecte à la lettre ses contraintes d’unité de temps, de lieu et d’action sans jamais dévier de sa route. Grâce à une mise en scène discrète mais inventive et une écriture ciselée, il parvient à transcender ce qui n’aurait pu être qu’un film gimmick de plus en lui conférant des accents tragiques où le moindre petit élément peut prendre des proportions apocalyptiques. À travers Ivan Locke, c’est toute une myriade de tranches de vies avec leurs rires, leurs pleurs, leurs silences lourds de sens qui nous est donnée à voir ou plutôt à ressentir. Car sous ses dehors de huis clos vaguement conceptuel, LOCKE cache avant tout une chronique intimiste traitant des immuables conséquences que peut avoir un acte isolé. Un propos qui aurait pu se révéler rébarbatif s’il n’avait été traité avec pudeur et servi par un Tom Hardy impressionnant de sobriété. Successivement fort et vulnérable, rassurant et apeuré, le comédien s’adonne ici à un véritable tour de force, dévoilant au compte-gouttes les multiples facettes d’un homme dont le calme olympien cache des fêlures plus profondes. Sans sa présence derrière le volant, il y a fort à parier que le film aurait perdu de sa puissance évocatrice. Minimaliste mais fort, LOCKE illustre avec brio l’adage selon lequel ce n’est pas la destination qui compte, mais la route.

De Steven Knight. Avec Tom Hardy, Olivia Colman (voix), Ruth Wilson (voix). Grande-Bretagne / États-Unis. 1h25. SORTIE LE 23 JUILLET

 

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