TRANSFORMERS : L’ÂGE DE L’EXTINCTION : chronique

23-07-2014 - 12:25 - Par

Le plus Bay-esque des films de Michael Bay est aussi le meilleur de la saga TRANSFORMERS. Ludique et visuellement foufou.

Cinq ans après les événements de LA FACE CACHÉE DE LA LUNE, les Humains traquent les natifs de Cybertron. Jusqu’à ce que Cade Yeager (Mark Wahlberg), inventeur raté, mette la main sur un camion rouillé : Optimus Prime. Ensemble, ils lèvent le voile sur une conspiration qui menace l’Humanité et les Autobots. L’ÂGE DE L’EXTINCTION se pose en digne successeur de NO PAIN NO GAIN, dans lequel Michael Bay livrait une relecture second degré de sa propre imagerie. L’ironie est ainsi de nouveau de mise : elle égratigne les figures décriées du cinéma de Bay – la fille sexy au short trop court – ; les personnages – la demoiselle en détresse et le prince charmant sont renvoyés dos à dos – ; ou les inévitables placements de produits – un bus, barré d’une pub pour une marque de lingerie dont Bay a dirigé des spots, est mis à sac. Tout en glorifiant ses jouets, Michael Bay s’amuse ainsi à les détruire et L’ÂGE DE L’EXTINCTION d’effectuer un recadrage réussi. Au placard les militaires triomphants : Bay exalte ici une culture populaire déliquescente et baigne le premier acte du film dans une atmosphère d’Americana et de western rural – Yeager est un col bleu très attaché à ses libertés individuelles. Il n’a également jamais peur de filmer notre époque telle qu’elle est (mieux, il l’embrasse), dans toutes ses dérives pop et bling, glissant des références à la façon dont la Chine est devenue le terrain de jeu louche des multinationales ou dont le pouvoir s’est décalé des politiques vers les agences de renseignements. Surtout, Michael Bay déroule une véritable folie visuelle, une expérimentation totale où la narration n’avance que par l’énergie cinétique dégagée par une succession quasi non stop de scènes d’action. Là se démultiplient les enjeux et les antagonistes, tandis que la mise en scène, complexe et inventive, sait tirer partie de la 3D et des différences d’échelles. Quant à la durée du film (2h45 !), son étirement, parfois jusqu’à l’absurde, a lui aussi sa place dans l’expérimentation : il teste autant les capacités du cinéaste à maîtriser le chaos que la résistance du spectateur et des personnages. L’ÂGE DE L’EXTINCTION, plus cadré que les deux précédents volets, ne prétend jamais être plus qu’un spectacle décomplexé et rappelle pourtant avec force que Michael Bay demeure un « tritureur » de forme. Ce quatrième volet apparaît même comme un aboutissement qui, dans ses excès comme dans son brio, l’impose définitivement comme l’auteur ultime du blockbuster de l’abstraction. Souvent copié, jamais égalé, Bay n’a aucun concurrent dans son domaine.

De Michael Bay. Avec Mark Wahlberg, Stanley Tucci, Jack Reynor. États-Unis. 2h45. En salles depuis le 16 juillet 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.