LE RÔLE DE MA VIE : chronique

12-08-2014 - 16:42 - Par

Dix ans après le succès de GARDEN STATE, Zach Braff revient enfin avec son second long-métrage. Il n’a pas changé. Hélas, nous si !

Dans la vie, comme au cinéma, il n’y a rien de plus cruel que le passage du temps. Le pauvre Zach Braff risque bien de le comprendre à ses dépens avec son deuxième film, LE RÔLE DE MA VIE. Il y a dix ans, GARDEN STATE avait fait de ce jeune acteur- réalisateur la nouvelle coqueluche du cinéma. Avec son petit ton mélancolico- comique et sa dépression sur une B.O de bon goût, le film avait démocratisé le style « indé ». On trouvait ça étonnant, charmant, incongru, plein d’idées et de style, tout en s’enorgueillissant de découvrir le jeune « cinéma américain », sous-entendu « le vrai » ! Dix ans plus tard, Zach Braff revient, le film au fusil. Auréolé d’une campagne de crowdfunding qui a dépassé ses attentes, l’acteur s’imagine peut-être attendu comme le messie. Mais il faut croire que parfois, les vrais producteurs savent ce qu’ils font. LE RÔLE DE MA VIE est un film anachronique qui se voudrait décalé, audacieux, voire courageux, alors qu’il ne fait qu’enfiler sur une mince ligne narrative tous les poncifs du cinéma américain indépendant de ces dix dernières années. Au programme : un acteur raté qui, à la suite du cancer de son père, remet en cause la vie, l’amour et la mort. Programme chargé, donc ! Mais Braff ajoute à cela une famille dysfonctionnelle avec gamins donneurs de leçons, un père mourant odieux et fou de Dieu, un frère nerd à la limite de l’autisme, une femme délaissée et tout un tas de rancœurs que le film déjouera à coups de petits bonheurs du quotidien. Car bien évidemment, c’est le feel-good movie que vise le réalisateur. Et pour ce faire, il ne lésine pas sur les aphorismes et les leçons de vie, qu’il semble vouloir délivrer comme autant de messages pour galvaniser le spectateur. « Il faut croire en soi », « Vous êtes le héros de votre vie », « Il faut apprendre à aller de l’avant »… On finit, blasé, par feuilleter le film comme on tournerait les pages d’un almanach « bien-être et confiance en soi ». Mais le plus déroutant, c’est qu’alors même que la patience du spectateur ploie sous tout un tas de séquences déjà vues, on est finalement touché, non pas tant par le film que par Braff lui-même. Comme étonné et perplexe face à notre propre cynisme, on se dit qu’il y a dix ans, tout ce fatras psychologique nous aurait amusés. Mais Braff ne s’est pas rendu compte combien la recette de GARDEN STATE avait été dupliquée de film en film. Ce qui était son style est devenu une norme qui sonne donc ici un peu faux. Quelque part, avec LE RÔLE DE MA VIE, se clôt définitivement l’âge d’or du feel-good movie indé : le chic d’hier semble aujourd’hui hélas un peu toc.

De Zach Braff. Avec Zach Braff, Kate Hudson, Mandy Patinkin. États-Unis. 2h. Sortie le 13 août

 

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