Toronto 2014 : [REC] 4 : APOCALYPSE / Critique

08-09-2014 - 17:08 - Par

Vaine tentative de retour aux sources, [REC] 4 peine à susciter le moindre effroi. Ou le moindre intérêt.

Pitch officiel : Quelques heures après les terribles événements qui ont ravagé le vieil immeuble de Barcelone. Passé le chaos initial, l’armée décide d’intervenir et envoie un groupe d’élite dans l’immeuble pour poser des détonateurs et mettre un terme à ce cauchemar. Mais quelques instants avant l’explosion, les soldats découvrent une ultime survivante : Angela Vidal. Elle est amenée dans un quartier de haute-sécurité pour être mise en quarantaine et isolée du monde afin de subir une batterie de tests médicaux. Un endroit parfait pour la renaissance du Mal…

Après la déception de [REC] 2 puis les errements de [REC] 3 – dont la seule bonne idée était son abandon soudain du point de vue à la première personne – on espérait que [REC] 4 rectifierait enfin la donne. Surtout que Jaume Balagueró est cette fois de retour aux commandes. Bonne nouvelle : pour cette suite directe du premier volet, le cinéaste espagnol met de côté la pantalonnade farcesque de [REC] 3 de son comparse Paco Plaza pour revenir à ce qui avait fait le succès du premier épisode : un ton sérieux et horrifique, une atmosphère poisseuse et sanguinolente pour une expérience de cinéma censée être énergique. Malheureusement, ce retour aux sources s’avère le seul élément notable de ce quatrième – et probablement ultime – volet. Le reste ? Une succession de tout ce que l’on n’aimerait plus voir dans le cinéma de genre : ‘jump scares’ artificiels, personnages unidimensionnels, récit cousu de fil blanc, acteurs plus qu’approximatifs. Peu inspiré, Balagueró comble son manque d’idées par d’interminables scènes introductives des protagonistes où chacun explique sa fonction dans le récit et sur le bateau servant de lieu de quarantaine afin de baliser lourdement ce que seront les second et troisième actes. Suivent d’autres séquences dialoguées irritantes dans lesquelles les personnages décrivent cette fois par le menu ce qu’ils ont fait, ce qu’ils vont faire ou ce qu’ils devraient faire pour lutter contre le virus qui refait des siennes. Un statisme qui fonde tout sur le mot plutôt que sur l’image : un comble pour une saga qui avait justement basé sa réussite initial sur un choix esthétique et visuel fort. Le didactisme général de [REC] 4 le prive de toute ambiance, de tout mystère et au final de toute surprise : tous les passages obligés sont là, alignés sans passion, comme si Balagueró cochait des cases dans un cahier des charges emprunté à n’importe quelle production américaine lambda. Les héros ne peuvent en conséquence s’apparenter qu’à des outils lourdauds d’une narration incapable de se déployer avec fluidité ou naturel. L’indigence de [REC] 4 – et l’ennui profond qu’il suscite – est d’autant plus frappante  lorsqu’apparaissent a l’écran quelques moments choisis de [REC] (comme la désormais mythique scène du grenier en caméra infrarouge). Quelques secondes suffisantes pour nous ramener instantanément à l’effroi suscité par un premier volet qui, c’est désormais certain, n’aurait jamais dû connaître de suites.

De Jaume Balagueró. Avec Manuela Velasco, Ismael Fritschi, Héctor Colomé. Espagne. 1h30. Sortie le 12 novembre

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