ANNABELLE : chronique

09-10-2014 - 09:45 - Par

Le prequel de CONJURING : LES DOSSIERS WARREN revient sur l’origin story de l’affreuse poupée Annabelle.

C’est ainsi que démarrait CONJURING : avec le cas d’Annabelle, poupée au design pas si éloigné de Chucky, qu’un démon utilisait pour se manifester auprès de trois jeunes gens bien sous tous rapports. On le sait, elle finit sous les verrous du musée ésotérique des deux enquêteurs du paranormal. Mais d’où vient-elle ? Pourquoi les forces du mal l’ont- elles choisie pour tenter de posséder des âmes fragiles ? Parce que quelques mois avant qu’Annabelle ne terrifie les colocs, elle était posée là, dans la chambre du futur bébé d’une collectionneuse. On est à la fin des années 60, dans une banlieue de la middle class. Charles Manson est en train de changer l’Amérique. Mia, qui doit bientôt accoucher, et son mari, médecin, font la sanglante expérience de l’émergence des sectes. Annabelle, la fille des voisins depuis longtemps en fugue, revient dans son quartier natal et, possédée, va relâcher le monstre en elle. Le démon est là, chez les Form, ce couple comme un hommage appuyé aux films de Polanski. Madame s’appelle Mia comme la Farrow enceinte de ROSEMARY’S BABY, les Form emménagent dans un de ces immeubles aux parois fines et aux caves bourgeoises… Mais les clins d’œil ne suffisent jamais à hisser ANNABELLE au niveau de son modèle, même si ce n’est pas faute d’essayer grâce à une reconstitution réussie des 60’s. ANNABELLE n’est pas non plus à la hauteur de CONJURING, aussi fabuleux dans son ambiance morbide que dans ses accès d’horreur –bien qu’il partage avec son film matriciel le même goût de la non-action et le même refus du gore. Cependant, même s’il est jalonné d’idées scénaristiques bien imaginées, il lui manque la maîtrise picturale de James Wan. John R. Leonetti, son fidèle chef opérateur, n’a pas l’œil aussi affûté que son ami et complice et c’est cette grâce visuelle qui fait défaut à ce prequel, plus calibré. De plus, dans CONJURING, Vera Farmiga, Patrick Wilson et Lili Taylor donnaient de la solidité et du charisme à cette histoire de mal impalpable. La bande d’enquêteurs lui insufflait un côté cool. Ici, les comédiens principaux et leurs personnages sont plus affables, l’histoire est un peu raide et il est plus difficile de s’attacher à leur horrible expérience. Alors, Leonetti comble ce vide avec des portes qui claquent et un peu trop de tapage. James Wan filmait un vide habité d’un démon, Leonetti filme une « poupée qui bouge ». On caricature mais la différence est là et elle est de taille. L’exercice est moins original. Pour autant, il y a des effets qui ne ratent pas : avec ou sans James Wan, il filme l’obscurité comme personne.

De John R. Leonetti. Avec Annabelle Wallis, Ward Horton, Alfre Woodard. États-Unis. 1h35

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.