DUMB & DUMBER DE : chronique

17-12-2014 - 10:01 - Par

Retour du duo culte après vingt ans d’absence. Une suite dans la lignée de leur première aventure. Consternante, donc réjouissante.

Dur de savoir ce que vaut objectivement ce DUMB & DUMBER DE tant le film appuie sur la corde sensible d’un spectateur qui aurait découvert la comédie régressive voilà de cela vingt ans avec nos deux héros. DUMB & DUMBER est devenu un objet culte, de par son étrangeté, sa générosité. L’exemple parfait de la cinéphilie de vidéo club des 90’s. Un film pas forcément parfait mais rempli de gags, d’idées, pas toujours respectables mais souvent attachantes. En 1994, avec ce film, les Frères Farrelly ouvraient une brèche dans laquelle le cinéma comique des 00’s allaient allègrement s’engouffrer. Aujourd’hui, le régressif est partout. Intellectualisé, auteurisé (notamment par Judd Apatow) banalisé, rendu quotidien par la série télévisée. Vingt ans après, Lloyd et Harry font donc leur comeback. Mais plus que le retour de personnages (épuisés par des déclinaisons atterrantes), c’est un improbable duo d’acteurs qui revient. Et là se niche toute la bizarrerie singulière qui fait la réussite de ce second volet : Jim Carrey et Jeff Daniels jouent comme si le temps n’était pas passé. Deux décennies comme un gag de plus que le film balaie d’une pichenette insensée et hilarante dans une séquence inaugurale étrange. Elle donne le ton d’un film déviant, dévié, qui se repaît de son anachronisme. Voir ainsi les corps vieillis de Carrey et Daniels rejouer la même bêtise juvénile, sans prendre pincettes ni gants, redonne au cinéma burlesque une forme de poésie comique. Mais attention, construit comme le premier comme un vrai-faux road movie (ici à la recherche d’un rein), le film égrène les situations aberrantes, les gags étirés à rallonge, les dérapages verbaux et corporels. Il vise littéralement à épuiser la raison du spectateur. Le rire nous surprend malgré nous, malgré les réticences, malgré la laideur C’est toute la force du cinéma des Farrelly. Bien plus qu’un cinéma de la connerie magnifique, le style Farrelly tient de la déraison totale. Du gag partout, tout le temps, du bon, du moins bon, du mauvais qui fuse sans arrêt ni hiérarchie. Il y a quelque chose de non calculé, de presque un peu kamikaze, dans cette manière de faire du rire sans préméditation. À l’opposé de ces comédies américaines récentes bien trop conscientes de leur prétendue « subversion », ici, enfin ça déborde, ça dépasse, ça ne se tient pas comme il faut, pour notre plus grande joie. Et, par cette manière de faire de la comédie « rétro », cette façon de dynamiter la nostalgie par le gag, les Farrelly offrent à leurs deux héros mais surtout à leurs acteurs, non pas un tombeau mais une belle éternité pop.

De Bobby et Peter Farrelly. Avec Jim Carrey, Jeff Daniels, Rob Riggle. États-Unis. 1h49. Sortie le 17 décembre

 

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